Mes autres poèmes
On me demande de devenir zen
J’éclate d’un immense rire sonore
Qui passe au-dessus des chutes de la Chaudière
Pour se perdre dans les confins de l’Ungava
Devenir zen si je me ferme les yeux
Devenir zen si je me bouche le nez
Devenir zen si je me coupe les oreilles
On me suggère de vouloir devenir zen
Comme si vouloir suffit à régler tout
Combien de fois j’ai écrit dans mes poèmes
Vouloir la sainte paix
Vouloir la fin des guerres
Vouloir la fin de la faim
Vouloir le début de la sagesse
Chez les fous d’Allah
Qui rêvent de coïter avec des vierges
Rien à faire c’est pire qu’avant
On me supplie d’espérer devenir zen
Quel poison rare que l’espérance
Il faut vraiment être désespéré pour espérer
Espérer l’amour et la fraternité
Espérer mater les démons de la bête humaine
Espérer tuer la cupidité l’avidité l’orgueil
Je suis condamné à désespérer l’impossible
Pour devenir zen il faudrait m’extirper de ce monde immonde
Me cacher quelque part sur une ile
Me faire accroire qu’ainsi je serais utile
Comme tous ces ermites qui prient en vain
Un Dieu qui se fout de ces mortels assis
Qu’il est dans sa béatitude
Je dois assumer ma mortelle condition humaine
Ne demandez pas au Scorpion que je suis
De flirter avec l’idée de devenir zen
Si je le devenais je deviendrais
Le premier pionnier de l’impossible