lundi, avril 16, 2007

Le populocanthrope

Par Jacques Rancourt
La série Ocanthrope
Mes autres poèmes

Le populocanthrope

Il promet la lune à tout le monde
Ìl aime la classe moyenne
Il adore les aînés
Il s’émerveille devant un nouveau-né

Il se dit l’homme du peuple
Il défend toutes les causes
Il s’oppose à tout
Il peut faire des miracles

Il dénonce le système de santé
Il faut le changer
Il dénonce le système d’éducation
Il faut le changer

Il dénonce les accommodements raisonnables
Il faut les changer
Il dénonce les garderies à 7 $
Il faut payer les mamans au foyer

Il dénonce la dette publique
Il faut la baisser
Il dénonce l’administration publique
Il faut la changer

Cela n’a plus de bons sens
Il faut changer
Il y a des limites à tout
Il faut changer

Il faut changer
Il faut …
Il … …

Méfiez-vous de ce populiste
Méfiez-vous de sa vision simpliste
Méfiez-vous de ses artifices
Donnez-lui le pouvoir et vous verrez
La potion magique existe dans une bande dessinée
Même un certain faiseur de miracles a été crucifié
La dure réalité le rattrapera tôt ou tard
Le bon peuple une fois de plus aura été berné
Ce bon peuple qui raffole de pain et de jeux
Ce bon peuple qui ne récolte que des miettes
Ce bon peuple qui voit ses joueurs sur les terrains de golf
Ce bon peuple qui sue, s’endette et se laisse bercer par le populocanthrope

samedi, avril 14, 2007

Le boisé magique

Par Jacques Rancourt
Au pays des souvenirs
Mes autres poèmes

Le boisé magique

Pour les yeux d’un jeune enfant
Tout est mystérieux
Pour les yeux d’un adulte blasé
Tout est ordinaire

Le lointain est relatif
Pour les petits pieds d’un enfant
Une randonnée au boisé
C’est tout un défi
Pour un maniaque de la vitesse
Un tour de piste
C’est rien

Gamins, notre boisé attirait
Pour l’atteindre que d’obstacles appréhendés
Des couleuvres pouvaient frôler nos jambes
Des crapauds laids et répugnants nous terrifiaient
Des coyotes pouvaient nous attaquer à tout moment
Les mouffettes, les porcs-épics et les redoutables ours
Toute une expédition que de se rendre à l’orée de ce boisé

L’expédition en valait la peine
On faisait une provision de gommes d’épinettes
On ramassait une tonne de noisettes
On mangeait de la « shawinigane », petits fils rouges délicieux
Ressemblance oblige aux fils électriques dépouillés
On se régalait avec les pieds de fougère
On mangeait des baies, de l’oseille

Le nec plus ultra, c’était notre gomme d’épinette
C’était un trophée qu’on ramenait en triomphe
On la mâchait à qui mieux mieux
Elle devenait dure comme de la pierre
Qu’importe nos mâchoires étaient solides
On cachait nos noisettes dans le foin
Pour les faire venir à point
Un autre festin en perspective

Quel garde-manger que ce boisé magique

vendredi, avril 13, 2007

La journée du cochon

Par Jacques Rancourt
Au pays des souvenirs
Mes autres poèmes

La journée du cochon

On l’attendait cette journée
C’était une journée d’épouvante
Les émotions au maximum
L’annuel meurtre du cochon

Déjà l’échelle posée sur le hangar
On devait y suspendre par les pattes
L’infortuné cochon à abattre
Déjà la poêle attendait son précieux sang

Déjà je voyais Florence le faire bouillir
Déjà je voyais les tripes recevoir ce sang
Déjà je me voyais manger ce boudin
Bon sang quel spectacle d’horreur

Le tueur du village arrivait tôt
Son couteau brillait dans la neige
Un coup bien précis droit au cœur
Le cochon crachait son sang dans la poêle

On le fendait au beau milieu
On voyait tout son intérieur
Suspendu à l’échelle ainsi exposé
Quel carnage animalier par nécessité

C’était la journée la plus triste de l’hiver
J’adorais le cochon et son grognement
Je me rappelais mes balades sur son dos
Je me rappelais ainsi les taloches de ma mère

Je pouvais le regarder des heures durant
J’essayais de découvrir son monde intérieur
Je lui donnais des pelures de patates à manger
Je voyais son museau faire des chemins dans la vase

Quelle triste fin pour mon compagnon
Quelle triste destinée inévitable
Je pleure sa perte
Qui me consolera

jeudi, avril 12, 2007

Une fille se balançait dans sa cour, hier soir

Par Julie
Mes jeunes écrivains

Une fille se balançait dans sa cour, hier soir
Au gré du vent, elle se berçait
Pour oublier sa vie
Pour chasser l'ennui

Une fille se balançait dans sa cour, hier soir
Elle riait d'un rire qui n'était plus le sien
Elle gloussait, dans sa folie qui lui a tout pris
Pour ne plus rêver, elle s'est endormie

Je lui ai dit que tout n'était pas fini
Qu'elle pourrait toujours vivre sans lui
Mais elle, elle ne le voulait que pour elle
Son odeur l'étouffait
Dans ses draps son parfum était imprégné
Et même dans ses cauchemars il ne la laissait pas s'évader

Une fille se balançait dans sa cour, hier soir
Sur son vécu, elle crachait
Parce qu'elle le détestait
De par la haine elle-même, elle le méprisait
Pour ne plus y penser, elle se laissa voguer,
Pour ne plus l'aimer, elle s'arrêta de se balancer

Une fille s'est arrêtée de se balancer dans sa cour, hier soir
Elle ne respire plus, elle ne bouge plus
Elle était fatiguée de l'aimer
Elle était fatiguée de se battre constamment contre elle-même
Alors que lui, chacune de ses promesses, il a trahie

Une fille s'est arrêtée de se balancer, dans sa cour, hier soir
Plus jamais on ne la verra pleurer
C'est fini elle ne l'aime plus
Mais pourtant, du haut de son échafaud, elle continue d'espérer
que là-haut ils pourront continuer ce qu'ils ont commencé

Hier soir, dans sa cour, une fille s'est pendue
Elle n'en pouvait plus!
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Source de la photo : Fotosearch

mercredi, avril 11, 2007

Je pleure

Par Marie-Ève
Mes jeunes écrivains

Je pleure

Quand je vois des gens amoureux
Quand la nuit je pense à toi
Quand je pense à nous
Je pleure

À notre amour impossible
Des rêves de passé mes nuits dans tes bras
Mes journées de supplice sans te voir
Je pleure
À notre secret si bien gardé
Que nous ne pouvons dévoiler
À l'amour que je te donne
Que je voudrais dire au monde entier
Je pleure

Quand je regarde par la fenêtre à t'attendre
Quand je pense à ce que tu représentes pour moi
Quand je te vois
Je pleure

Quand je ne peux pas te dire « Je t'aime »
Pour que les autres ne sachent pas
Je pleure

Notre secret maudit
Je le pleure.
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Source : ADOFR

lundi, avril 09, 2007

La patinoire interdite

Par Jacques Rancourt
Au pays des souvenirs
Mes autres poèmes

La patinoire interdite

Si près si loin que cette patinoire
À peine à 30 minutes de marche
À peine deux terres de trente arpents
Rien pour épuiser les gars à Florence

Cette Florence si couveuse de ses gars
Cette Florence si craintive et si apeurée
Cette Florence surprotégeant sa couvée
Cette Florence craignant les étrangers

Cette patinoire nous faisait rêver
Cette patinoire était comme un éden
Cette patinoire nous attirait comme du miel
Cette patinoire haut lieu des battements de cœur

C’est là que les filles nous attendaient
C’est là que chacun avait sa donzelle
C’est là qu’elles se faisaient belles
C’est là qu’on flirtait à qui mieux mieux

Mais s’y rendre quelle bataille
Mais s’y rendre quelle désobéissance
Mais s’y rendre quel affrontement maternel
Mais s’y rendre sans complicité paternelle

Comment réprimer ces testostérones galopantes
Comment empêcher nos cœurs de battre
Comment justifier une absence évidente
Comment croire à nos chances loin de là

La patinoire de notre adolescence
La patinoire de tous les interdits
La patinoire de nos amours platoniques
La patinoire mythique de nos 15 ans

vendredi, avril 06, 2007

Des marques très salutaires

Jacques Rancourt

Des marques très salutaires

Toshibase-moi vite dans mes programmes
MicocrosoftWorde un impromptu erdrekien
HPScanjette une photo qui se démarque
OutlookExpresse à Anne ce chef-d’oeuvre
Windowsexploreure-moi vers la divine Océanie
Brothere-moi une copie en souvenir sur papier glacé 9 par 11

Motrine ma fièvre créatrice
Florabile mon foie lent
Gravole mes terribles nausées
Zantace mon acidité gastrique
Gavisconne mes brûlures d’estomac
Salinexe mon nez épris d’émotions
Rhinarise-le très copieusement

Aspirine mon affreux mal de tête
Betadine ma mauvaise haleine
Listerine le tartre de mes dents
Sensodyne mes gencives sensibles
Cerumole la cire de mes oreilles
Q-tipse-les doucement et délicatement
Peroxyde mes égratignures
Polysporine mes cicatrices

Plavixe mes pauvres artères
Altace mon hypertension
Asaphene mon sang très épais
Lipitore mon haut taux de cholestérol
Synthroide ma glande thyroide
Cal’dophibuse mon équilibre microbiologique

Ombrelle mes coups de soleil
Lanacane mes démangeaisons
WhiteSwane mon cul en déroute
Zincofaxe mon anus mal en point
Alwayse mes pertes féminines
SoftSoape les microbes de mes mains
Lysole la cuvette hautement merdique

Febreeze les odeurs qui empestent
Vime toute la salle de bain
Tilexe les résidus rebelles
HertelPlusse les taches rebelles
Javexe les autres maudites taches
Windexe toutes les vitres de la maison
Drainose mes tuyaux
3-in-one toute la rouille
Sunlighte tous mes vêtements

Yougourte ma pauvre silhouette
Koolaide ma soif désertique
Chateauneufdupape mes papilles
StellaArtoise mon gosier asséché
Kellogue mon petit creux d’estomac
Cialise ma libido en panne de désir
Advile mon mal de tête qui reprend
Dormexe-moi extra fortement pour toujours
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Illustration : Objectif Beauté.com