Je vous présente quelques poèmes qui expriment ma vision de la bête humaine, du phénomène humain et un certain regard sur notre petite planète bleue plus que jamais menacée. Ma formation philosophico-théologique me fait aborder de graves questions existentielles, mais je manie parfois l’humour.
jeudi, novembre 30, 2006
Le Père Noël émotivement perturbé
21e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
21e rappel : Toute ressemblance avec le vrai Père Noël est le fruit de votre imagination. Le Père Noël est en déroute. Il se donne une journée de congé. Il en a bien besoin. Grosse crise existentielle, gros problème d'identité. Il trouve très lourd de supporter ce symbole de la superconsommation. Il est loin d'avoir inventé la simplicité volontaire.
Le Père Noël émotivement perturbé
Je suis le Père Noël
J’ai vécu hier une maudite contradiction
J’ai fait un virage à 360 degrés dans mes convictions
J’ai incité une grand-mère à perpétuer mon symbole
J’ai écrit jadis que j’étais une ordure
J’ai écrit jadis que j’étais une pourriture
J’ai écrit jadis que j’étais une souillure
J’ai écrit jadis que j’étais une gerçure
Je me réveille ce matin avec une mauvaise conscience
Je me réveille en pleine incohérence
Je me réveille dans une totale inconscience
Je me réveille au bord de la démence
Je n'ai jamais eu aussi honte de moi
Je ne suis jamais descendu si bas
Je ne me suis jamais autant prostitué
Je ne me suis jamais autant charcuté
Je suis le symbole de la super consommation
Je suis le fer de lance du capitalisme christmastique
Je suis une création, une invention, un super ballon
Je suis incapable de supporter cette contradiction
Je ne me vois plus revenir avec mon gros sac de jouets
Je ne me vois plus assis devant une file de bambins
Je ne me vois plus faire des saluts dans des parades
Je ne me vois plus vivre cette maudite supercherie
Je prends aujourd’hui une journée de congé
Je ne me vois vraiment pas sur la route à trottiner
Je ne me vois pas avec d’autres pèlerins à potiner
Je ne me vois pas à chaque pas avec une envie de restituer
Je me terre à quelque part encore loin de Compostelle
Je ne sais vraiment plus ce que je fais là
Je suis ou je ne suis pas le Père Noël
Je suis perturbé, dérangé, troublé, dévasté, décomposé
mercredi, novembre 29, 2006
Le Père Noël piégé par une grand-mère jacquaire
20e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
20e rappel : Toute ressemblance avec le vrai Père Noël est le fruit de votre imagination. Le Père Noël s'est fait piéger par un grand-mère jacquaire. Il va déclencher un processus dont il ne mesure pas encore toutes les conséquences. Il s'en mordra amèrement les pouces. La vérité ? Le mensonge ? Les deux amènent des conséquences. Le chemin de Compostelle deviendra-t-il son chemin de Damas? Il n'est pas bon de répéter en perroquet ce que sa civilisation ou sa culture lui a inséminé dans la tête. Ne traîne-t-il pas dans ce sentier justement pour prendre du recul? Grave moment de faiblesse...
Le Père Noël aventurier jacquaire et la vérité
Je suis le Père Noël
Je marche jour après jour vers Compostelle
Je me rends compte que cela devient routinier
Je place un pas devant l’autre jusqu’à l’arrivée au gîte
Je pars très tôt le matin et je termine la marche assez tôt
Je réfléchis sans cesse sur ma condition de Père Noël
Je me rappelle mes premiers blogues très critiques envers moi
Je me traitais d’ordure, d’imposture, de pourriture
Je me fais croiser par une grand-mère qui me sort de ma torpeur
Je m’entends dire qu’elle a cinq petits-enfants
Je m’entends dire qu’elle a lu mes blogues critiques
Je m’entends demander si elle doit les laisser croire au Père Noël
Je me vois confronté à mes écrits par cette grand-mère
Je lui dis d’attendre ma réponse un peu plus tard
Je dois réfléchir à cette grave question existentielle
Je sais que cela touche le développement de ses petits-enfants
Je lui réponds que croire au Père Noël est plus qu’une simple tradition
Je lui réponds que cela participe au développement de ses petits-enfants
Je lui réponds que cela fait partie de leur imaginaire
Je lui réponds que cela les aide à s’adapter à la réalité
Je sais que plus d’imagination amène à trouver plus de solutions
Je sais que la croyance en moi permet de promouvoir des valeurs
Je pense au sens du partage et à la générosité
Je suggère de ne pas briser ce secret et de leur laisser vivre cette belle magie
Je suis contre le chantage en utilisant mon personnage
Je suis contre l’utilisation du si tu n’es pas sage…
Je suis contre la figure punitive
Je déteste la manipulation
Je suis dans les rêves de ses petits-enfants
Je sais un peu ce que je fais là
J’ai rendu heureuse la grand-mère
Je devrai supporter les conséquences de cette contradiction
mardi, novembre 28, 2006
Le Père Noël toujours en route vers Compostelle
19e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
19e rappel : Toute ressemblance avec le vrai Père Noël est le fruit de votre imagination. La route commence à entrer dans le corps du Père Noël. Le romantisme du chemin avec sa fatigue et ses rencontres diverses en prend pour son rhume. Le Père Noël va-t-il tenir la cadence? Le jeu en vaut-il la chandelle? On le sait. Tout marathonien frappe à un moment donné un mur.
Le Père Noël toujours en route vers Compostelle
Je suis le Père Noël
Je reprends tôt la route, les autres pèlerins dorment
Je préfère la solitude pour le moment
Je ne peux plus supporter le bla bla de certains
J’ai rencontré plusieurs pèlerins depuis le début de la marche
J’ai connu Alfred qui capote sur la performance
Je vois qu’il est hautement compétitif
Je sens que la dimension physique est sa tasse de lait
Je préfère ceux qui n’ont rien à foutre de marcher vite
J’ai une grosse bedaine et mon cœur pompe facilement
Je suis agacé par ces pèlerins performants qui marchent vite
Je ne comprends pas leur satisfaction d’arriver les premiers aux gîtes
Je passe parfois des nuits à ne pas dormir
J’assiste impuissant aux spectacles sonores des gros ronfleurs
Je dois dire aussi que je vois des éoliennes sur ma route
J’entends la musique lugubre de leurs hélices
Je me rappelle alors le débat qui fait rage en Gaspésie
Je vois les éoliennes défigurées les beaux paysages
Je vois le dieu argent saliver en suppliant Éole
J’apprends que Québec solidaire veut les nationaliser
J’ai à peine le temps de réfléchir sur la nation québécoise
Je suis interrompu par Albert le Pyrénéen qui a un fils à Montréal
Je croise Tom qui me raconte qu’il n’a plus d’emploi
Je rencontre une chanteuse d’opéra drôle et sympathique
Je suis abordé par Jonathan qui marche avec son père
Je vois qu’il trouve le trajet difficile parce qu’il a plu
Je vois qu’il peine à suivre la cadence
J’ai l’impression qu’il pense qu’on le voit comme un fils à papa
Je vous fais grâce des autres hurluberlus
Je ne sais plus trop ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je dois soigner cette nuit mon étirement musculaire
dimanche, novembre 26, 2006
Le Père Noël encore en route vers Compostelle
18e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël encore en route vers Compostelle
Je suis le Père Noël
Je me cherche tout en marchant vers Compostelle
J’ai le mollet droit fatigué après six heures de marche
J’arrive enfin à l’auberge Puenta la Reina
Je n’ai pas faim et j’aperçois une machine Internet
Je vais naviguer un peu dans Cyberpresse
Je vois que tout un débat se déroule au Canada
J’entends cris et hurlements autour du mot nation
Je reconnais que le Québec forme une nation
Je ne savais pas qu’on venait de découvrir cela à Ottawa
J’ai toujours pensé que le Québec était un pays à venir
J’ai toujours pensé que le Québec formait un peuple
Je sais que le Québec n’est pas reconnu dans la Constitution
Je sais que cette Constitution a été rapatriée sans le Québec
Je sais qu’un parti sécessionniste trône à Ottawa
Je sais que les armes de guerre au Canada sont des mots
Je sens que cette polémique est très humiliante
Je sais que les anglophones ne veulent rien savoir
Je sais qu’ils ne veulent pas vivre un autre référendum
Je n’ose pas croire que le pays du Québec restera un rêve
Je suis victime d’un ordinateur dont l’écran gèle
Je ne suis pas fâché et la déprime me gagnait
Je retourne auprès des autres pèlerins
J’arrive à peine à ingurgiter quelque chose
Je songe à ma prochaine destination
Je devrai marcher 28 kilomètres pour l’atteindre
J’aurai le temps de réfléchir sur l’identité québécoise
J’aurai le temps d’oublier aussi ce psycho-drame
Je dors profondément à Puenta la Reina
Je sais ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je veux retrouver mon identité sur la route de Compostelle
samedi, novembre 25, 2006
Le Père Noël poursuit sa route vers Compostelle
17e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël poursuit sa route vers Compostelle
Je suis le Père Noël
Je cherche en marchant une nouvelle nourriture
Je quitte après une nuit mouvementée Pampelune
J’ai fait plusieurs kilomètres depuis Saint-Jean-Pied de Port
J’entreprends une montée qui dure deux heures
J’affronte un vent qui souffle avec force
Je suis loin de mon traîneau dans les airs
Je prends le temps d’admirer les Pyrénées
J’ai pris trois jours pour traverser cette chaîne de montagnes
J’aurais pris une heure en auto et une minute en traîneau
Je constate qu’en marchant je prends le temps de vivre
J’oublie la vitesse et je savoure ce nouveau rythme de vie
J’entreprends la descente dans l’autre versant
Je salue une dernière fois les Pyrénées
Je monte, je descends pendant des heures
Je suis comme la vie avec ses hauts et ses bas
J’arrive à une chapelle hexagonale
Je lis qu’elle a 1000 ans d’existence
Je vois qu’elle fut construite par les Templiers
Je rappelle que les Templiers protégeaient les pèlerins.
Je sais qu’il y a des légendes à leur sujet
Je sais qu’on prétendait qu’ils détenaient la coupe du Christ
Je sais que l’Église catholique n’aimait pas leurs rites
Je sais qu’un pape les fit exterminer en 1453
Je me repose dans cette chapelle
Je sais ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je veux poursuivre ma route vers Compostelle
vendredi, novembre 24, 2006
Le Père Noël en route pour Compostelle
16e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
16e rappel : Toute ressemblance avec le vrai Père Noël est le fruit de votre imagination. Vous comprendrez que le Père Noël est fatigué, épuisé, exténué. Il a besoin d'air pur, de se changer les idées sinon on peut craindre le pire. Après avoir lu le livre de Paulo Coelho, Le Pèlerin de Compostelle, il décide de devenir lui-même un pèlerin. Reviendra-t-il transformé?
Le Père Noël en route pour Compostelle
Je suis le Père Noël
Je suis ébranlé par tout ce que j’ai vu de pourriture
J’ai décidé de marcher vers Compostelle
J’ai un grand besoin de me ressourcer
J’ai vu tellement d’horreur dans ce monde
J’ai visité des pays en guerre
J’ai vu la haine, l’intolérance, la fermeture
Je cherchais l’amour, la tolérance, l’ouverture
Je fais une marche de plus de 800 kilomètres
Je pourrai méditer sur ma vie en paix
Je rencontrerai des gens de diverses nationalités
Je vais goûter chaque minute de l’instant présent
J’oublie et je laisse tout derrière moi
J’oublie cette société de consommation
J’oublie les joies éphémères des étrennes
J’oublie le symbole que je représente
J’entreprends une démarche personnelle
Je marche pour comprendre
Je marche pour apprendre
Je marche pour me déprendre
Je suis les flèches jaunes
Je suis disponible à tout ce qui m’entoure
J’ai l’impression d’être proche de la nature
J’entends un oiseau qui chante dans un arbre
J’arrive à Roncevaux
Je me repose dans un gîte
Je repars pour une autre étape
Je réfléchis, je médite, je me parle
Je me dis que je suis un homme libre
Je me dis que la vie est plus grande que je l’imagine
Je me dis qu’il me reste une autre réalité à découvrir
Je me dis que cette réalité n’est pas palpable
Je marche maintenant vers Pampelune
Je sais ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je marche vers Compostelle
jeudi, novembre 23, 2006
Le Père Noël en Afghanistan
15e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël en Afghanistan
Je suis le Père Noël
Je poursuis mon aventure
Je vais tout de go en Afghanistan
Je suis un impénitent globe-trotter
Je suis là cinq ans après la chute du régime taliban
Je ne vois aucune maîtrise de la situation
Je n’irai pas visiter Hamid Karzaï
Je découvre qu’il est un triste impuissant
Je vois le mollah Omar courir toujours
Je constate l’impuissance de Kaboul
Je roule comme toujours ma boule
Je préfère me mettre une cagoule
Je vois le pavot fleurir avec son trafic toujours
Je vois les Afghanes avec l’humiliante burka
Je n’en fais pas de cas comme toujours
Je suis moi-même un paria tous les jours
Je croise les seigneurs de la guerre
Je les vois faire la pluie et le beau temps
Je les vois abuser de cette nation brisée et anarchique
J’abuse moi-même de la naïveté des gens et je le sais
Je me dirige vers les zones tribales du Waziristan
Je retrouve un sanctuaire pour les djihadistes
Je n’irai pas déranger ces résistants à la pacification
Je suis trop peureux, trop inconscient, trop nul encore
Je constate le chaos afghan
Je foule la montagne rebelle, territoire de guerre
Je me sens étranger, anachronique, déphasé et en maudit
Je ne peux pas tout de même offrir des armes comme jouets
Je suis en Afghanistan
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je suis un cavalier sans monture en déconfiture
mercredi, novembre 22, 2006
Le Père Noël confronté à l’obscurantisme
14e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël confronté à l’obscurantisme
Je suis le Père Noël
Je suis une fioriture qui devient une garniture
Je suis de plus en plus secoué par l’obscurantisme
Je voyage sur la planète et j’observe de plus en plus
Je sais que l’enfer est pavé de bonnes intentions
Je sais que certains fascistes chrétiens démonisent Darwin
Je sais que pour eux il est un monstre, un scélérat
Je sais que le monde de la finance ne commandite pas l’expo sur Darwin
Je doute que la terre a été créée en six jours
Je doute que les humains descendent tous d’Adam et Ève
Je sais que l’homme et le chimpanzé partagent un ancêtre commun
Je sais que cela constitue une insulte pour tous les chimpanzés
Je sais qu’à Berlin on a censuré une œuvre de Mozart
Je sais qu’à Londres on a retiré des dessins érotiques d’une expo
Je sais qu’à Montréal on a givré les fenêtres d’un YMCA
Je sais qu’on fait des accommodements pour le voile, le kirpan
Je me demande qui accueille qui
Je me demande si trop de tolérance fait sombrer dans le ridicule
Je me demande si la majorité a encore des droits
Je me demande quand on va attaquer mon symbole
Je me suis évadé dans le monde de l’obscurantisme
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je suis contre toutes les censures
mardi, novembre 21, 2006
Le Père Noël et le droit des enfants
13e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël et le droit des enfants
Je suis le Père Noël
J’aime les enfants et je dénonce ceux qui les abusent
Je suis contre leur exploitation sexuelle et commerciale
Je sais que le 20 novembre est leur journée internationale
J’attire votre attention sur leur exploitation
Je suis outré par le tourisme sexuel impliquant des enfants
Je suis outré par leur travail dans les mines du Kenya
Je suis outré par leur travail dans des usines de fabrication de tapis
Je comprends leurs difficultés de vie dans les rues de Calcutta
Je sais que la violence est leur quotidien terrifiant
Je connais des enfants contraints au servage pour dettes
Je sais que 218 millions sont au travail dans le monde
Je sais qu’il faut travailler sur les causes de cette horreur
Je sais qu’il faut promouvoir l’éducation
Je sais qu’il faut créer de moyens de subsistances alternatifs
Je sais qu’il faut inciter à la mobilisation sociale
Je me promène dans les pays qui exploitent les enfants
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je voudrais tellement que les enfants s’amusent
lundi, novembre 20, 2006
Le Père Noël attendri par un couple amoureux
12e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Je suis le Père Noël
Je suis aussi capable de luxure
Je cours à Kirkland dans la rue Monsadel
J’y vois un couple qui vient à peine d’aménager
Je sais qu’hier ils vivaient éloignés l’un de l’autre
Je sais qu’ils rêvaient de passer des nuits ensemble
Je constate que ce rêve est devenu réalité
Je constate que désormais ils seront ensemble alités
J’assiste du haut de mon traîneau à leurs retrouvailles
Je remarque que les émotions vont jusqu’aux entrailles
Je vois dans leurs yeux que sommeille une canaille
J’admire ces enlacements qui la tient en tenaille
Je constate que l’amour existe toujours
Je suis certain qu’il s’intensifiera au fil des jours
Je sais qu’elle adore ce nouveau Rancourt
Je sais qu’il fera d’elle une Sainte-Cyr tout court
Je souhaite aux tourtereaux des nuits chaudes
Je veux qu’ils attisent la flamme en cours
J’espère qu’aucun dégel ne leur jouera des tours
J’anticipe des décennies d’émotions fortes
Je me suis évadé dans leur chaumière
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je suis pour un amour sans fissures
dimanche, novembre 19, 2006
Le Père Noël flirte avec Ségolène Royal
11e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
11e rappel : Toute ressemblance avec le vrai Père Noël est le fruit de votre imagination. Comme le Père Noël n'est pas un bloc de glace, il dévoile ses sentiments et son admiration envers Ségolène Royal. Espérons que la Fée des Glaces n'est pas trop jalouse... Une Présidente française en 2007, cela fait rêver le Père Noël. Allons, Françaises et Français, comblez le Père Noël. Ce serait un formidable cadeau à lui faire.
Le Père Noël flirte avec Ségolène Royal
Je suis le Père Noël
Je suis une fioriture qui veut devenir une garniture
Je regarde Ségolène et mon cœur bat
Je pars tout de go pour le Poitou-Charentes
Je rêve de cette fille d’un colonel d’artillerie
J’envie son compagnon François Hollande
Je sais qu’elle adore le chabichou
Je sais que les habitants des Deux-Sèvres l’adorent
Je vois en elle une protectrice de l’environnement
Je sais qu’elle ferait pâlir notre Rona Ambrose
Je sais qu’elle a fait voter une loi contre le bruit
Je sais qu’elle s’attache aux problèmes liés à l’eau
J’explore son passage comme ministre déléguée à l’enseignement
Je la vois préoccupée par l’enfance en difficultés
Je la vois instaurer des itinéraires de découvertes
Je la vois contrer le bizutage et le racket et la violence
Je la vois réformer l’autorité parentale
Je la vois réformer l’accouchement sous X
Je la vois créer le collectif enfance et média
Je la vois créer le label tourisme et handicap
Je suis heureux que Ségolène soit candidate
Je veux qu’elle remporte les Présidentielles 2007
Je veux que les Communistes et les Verts la soutiennent
Je veux la France entière derrière elle
Je flirte avec Ségolène
Je ne sais pas pourquoi je fais cela
Je suis le Père Noël
Je suis un être de luxure
samedi, novembre 18, 2006
Petit guide des volcans d'Amérique (1re partie)
« Ensuite jaillirent des pierres et des roches en partie intactes, que le souffle avait expulsé avant leur combustion, en partie rongées et ayant acquis la légèreté de la ponce. En dernier lieu, jaillit le sommet de la montagne brûlée. Ensuite sa hauteur s’accrut et ce roc grandit jusqu’à devenir aussi étendu qu’une île. » Sénèque
« Qu’est-ce que ce monde où les objets ont plus d’espoir que chacun de nous ? »
Wajdi Mouawad
ici vendent l’eau de pluie
arbres et reins
tout doit partir
elisa capitale en marche soif sept ans
jamais n’interroge les nuages
pour ne pas appâter la pluie
avec la pluie la facture tout doit partir
les ondes colportent des ombres
le nord hante la radio elisa capitale
la voix porte rivières et lacs
chaque mot se dépose dans un sursaut d’abandon
les syllabes rondelettes chantent sans hâte
à l’école on apprend au petit frère
le nom des eaux
ainsi au loin la mer morte comme ici
où dormir où boire où manger où s’infecter
elisa rapièce les estomacs
tant mal que bien
rapièce le courage en loques
rapièce les loques rapièce les siens
elisa possède un arbre et un grand-père
qui regarde les rares feuilles soupirer
d’une berceuse maudit le champ asséché
la terre à rides
chique crache râle
l’effarante espérance
une respiration de plus
on parle de déplacer
un glacier millénaire
tout doit partir
ici trouent la montagne
convoitent or et fer
et le désert sa présence régnante oblitère le regard
quelle eau viendra irriguer le raisin la prunelle
le glacier déménagé
qui boira quoi boire à qui
le père travaille à l’usine
ici moulent arrosoirs et verres vases de plastique
le nord réclame
quelle beauté
elisa capitale ténue fait taire le plus plaintif des frères
fait fête au soleil
les jours de grisaille
lorsqu’elle s’ennuie
dans la cuisine raconte au chien
errant l’histoire d’un marin
errant qui cherche son île
perdue
son amie imaginaire porte des boucles d’oreille
avec des pierres qu’on dit solitaires
elle s’appelle tout autrement
Sharon ou Émilie
sa chambre est rose jaune mauve
pleine de caches couleurs
et de portes ouvertes sur les grandes surfaces
chaque fois qu’elle le désire
elle feuillette sa vie sept ans dix tomes
d’album photos
quelqu’un a pensé à elle
qui peut retracer
l’oublié
à l’école on apprend au petit frère
d’elisa les vers étrangers
ainsi au loin les enfants demandent de la poudre et des balles comme ici
fine fine poudre précieuse
la radio elisa capitale raconte des femmes
traversée
défie la nuit défie la frontière
un voyage de fortune
de l’usine aux baraques
plus aucune nouvelle
que le corps aux abords du désert
oasis fauché
tout doit partir
elisa n’écoute pas elle vit
achetez et obtenez
un génie d’une bouteille saura-t-il apparaître
à temps quel temps celui des meilleurs prix
n’attendez pas nous avons tout
vous ne payez absolument rien
un génie ou une fée
fée des rêves tombés placés sous l’oreiller
saurons-nous apparaître à temps
quel temps celui des prix d’ami
le soir de passage l’oncle dévore la jupe
d’elisa le regard inocule cendres et magma
n’attendez pas
personne ne parle
la blinder de silence
trop peur de réveiller
achetez et obtenez
ça qui hésite encore
ça qui l’évite encore
de justesse histoire d’ogre vous ne paierez absolument rien
elisa ne voit pas elle vit
tout doit partir
où nourrir ses tumeurs
où prendre peur où s’infecter où pourrir
le soir le grand-père regarde elisa et murmure sans douceur
ta mère morte en couches accouche dans le désert où donc est l’hôpital parti
avec la pluie la facture ont dit
compagnies qui font le tour du monde comme on saute au trapèze
sans filet et c’est tout tout fini ici carburent au défi
ici vendent carrés de sable où enfouir corps
poussière de terre qu’à peine concèdent
amortir le ressac du mari des enfants indignés
défier
tout doit partir délavé
sans qu’on l’ait remarquée usine désaffectée au cœur de la ville elisa capitale
les jours de marché elisa retient son souffle
espère toujours cette économie peut-être vaudra un petit morceau de viande
au moins un fruit qu’est-ce que c’est qu’un fruit contre un souffle
les jours de grand vent elle respire bien mieux
très profondément tout aspirer l’air d’une vie de poumon en une seconde
gonflés les yeux lévitent montgolfières
elisa vole
plus de viande ou de fruit
les jours de grand vent
la nuit sent bon au grand lit quatre enfants
les cheveux du petit frère chatouillent le nez
elisa pouffe se tortille repose rit
rien n’arrive
quelle beauté
ici ils tiennent bon minables érodés sans mère sans maison sans parade
forcenés
vendredi, novembre 17, 2006
Petit guide des volcans d'Amérique (2e partie)
« La roche devient vapeur, la montagne devient nuée, elle mange le soleil et le nuage de pierre porte la nouvelle qu’ici la terre se mord et qu’elle se rature. »
helen habite au phare
gardienne de nuit
en veilleuse ou cuillère dompteuse de cauchemars elle allume
les cercles de lumière
qui tournoient enflammés
sur les gardes de la nuit
vois les fauves s’y jettent
helen habite le phare les trois quarts
du lit de sa fille un jour sur deux
en boule tassée sur elle-même elle dort
helen habite le tiers de son corps
deux dixièmes de son souffle
les interstices les pores
où loger
cœur captif
elle tait
à feu et à sang le monde m’arrime
le spéculum ricane
et si ma vie n’était qu’un kalachnikov
qu’en faire
feu de brousse sur linoléum
elle tait
dessine-moi un fœtus je me jetterai
avec lui
et l’eau du bain
le corps rejette le repas comme les enfants
ce qui le nourrit
l’évide
le mercure à la baisse
helen frissonne
le monde manque à la douceur
et pourtant vois les arbres qu’on protège de l’hiver
cordes et jute
engrais insecticides semis et serres l’été
les pierres qu’on dépose comme des fleurs
l’asphalte qu’on lave comme une herbe
on vaccine on toxine
elle taît
je suis allergique au cosmos
défaite du corps
pour travailler chaque matin la panoplie le cœur pharmacologique et le pas déchaîné
à voir à faire rugir sans plus tarder à toute allure à perdre pied si vite
intimider la berline qui s’ennuie sur l’asphalte soignée
sans oublier la recrue sans enfant qui salive rien qu’à voir helen déployer la cuirasse du jour dernier
lave vend enfourne file tout droit tout doux lange mange récure accueille amère amène à bout
le phare sabre l’ombre
mais quelle nuit
reluit
en lui
helen a trois enfants
sans relâche six yeux
voix et visages sur l’échelle de Richter
seule ou trop accompagnée la main relâchée
elle en parle comme d’une variété d’éponge particulièrement absorbante si on sert ça contre soi un peu trop fort d’un peu trop près ça libère toutes sortes de bactéries de virus de morts microscopiques qui pénètrent à tout coup votre système ces bêtes sont contagieuses lisez la notice avant de les approcher il faut préalablement passer d’aiguille en aiguille recevoir les vaccins réglementaires et même alors il faut se laver les mains avec un savon antibactérien avant et après tout contact direct
les enfants grignotent sa chair
trop de soleils pour une seule planète
elle fond à fendre le cœur
le gel dure
-30 degrés Celcius -20 kilogrammes
marionnette
son corps tire les ficelles
rend les armes
à quatre pattes helen voyage
œsophage estomac gorge carnage
rend tout
au ventre un zeppelin sur le point d’éclater
l’amour comme un gaz inflammable
pression étau
c’est précieux ça m’asservit
et je ne me risque plus en haute mer pour échapper au désordre
dégoulinant des sentiments bavent les larmes au coin des yeux
mais plus la haute mer
mieux vaut la rive et son souffle de feu
psychiatres spécialistes font une battue
à la recherche du corps
la prescription indélébile au devant de la peau
mais quelle main se posera
au revers du front
c’est une mère anorexique
malgré elle
port d’attaque
je suis un réflexe
elle tait
le monde manque à la douceur
pourtant
vois les crayons de couleur qu’on aiguise étiquette un par un
les livres et cahiers plastifiés
le nom cousu le nom gravé des enfants
pour l’école le petit corps imperméabilisé
sanglé identifié
helen déclenche des guerres
dégorgée voudrait déloger
comment avorter
chair de ma chair restée en plans
le mari prend la mesure à distance
froide fêlure sauve qui peut
mais qui peut
les trois enfants s’ils suivent
dans le marais
en chantier
le mari en veilleuse
s’absorbe
dans tout ce qui n’est pas helen
où sortir
et bondit où partir
pas bien du tout assis
sur ce cœur
helen habite les journaux personne ne l’y connaît ça ne fait rien
helen habite l’autoroute l’ascenseur la télé panneaux publicitaires superhypermarchés
voies de contournements
d’enfant
loin des voix loin du cœur où loger
le vent
atarax ativan prozac attends
prends dors pandore reprends-toi
vois l’abri d’auto protège de la neige
le système d’alarme garde des voleurs
quel habitacle préserve des enfants
quel incubateur pour helen
quel cratère
quelle tranchée
à la chair de sa chair
où loger cœur cramé
quel manteau de cendres
ce matin voile la lumière des grands phares
jeudi, novembre 16, 2006
Petit guide des volcans d'Amérique (3e partie)
« Après une éruption, le soleil pourpre disparaît à l’horizon dans la poussière moirée tout d’abord violette, puis jaune et enfin orange; le ciel rougeoie encore longtemps après que le soleil s’est couché. »
« Les cratères eux aussi attendent nids vidés. »
quand partir comment partir
la maison le rang le village
désert
on a soigneusement disposé
en ville les vivants les vieillards
à la traîne
le ciel se soucie peu de ceux qu’il couve
lucienne parle un à un
tombés du fantôme au dernier voisin
personne n’est venu qui reste-t-il
lucienne dans sa dernière dépendance
chambre parmi les chambres
camp ici on empaille la mémoire
derrière elle les objets qui rappellent le passé
elle a dû se défaire
sa vie d’avant
la vaisselle les berceuses au dépotoir les brèches qui pourrait bien
en vouloir
quel musée de l’intime
la maison respire même vide
même sans elle la grange le râle des bêtes
en rêve elle fait du pain
à l’étage les enfants naissent les briques brûlent les pieds
le ruisseau glousse
le goût du dénuement tient la bride
du temps
usés à la corde
comme les habits
de frère en frère passés
les vieux gestes reviennent
en rêve lucienne met la table
sert et décharge douze regards en bataille
on a coupé court
défriché les cercles de feu
on regarde la fumée
se dissiper
on frissonne seul enflammé
quand je cesse de m’appartenir
œil os rêves font sans moi
perd l’ouïe perd la vue perd l’envie
mais la parole dure
et grince
s’ils retirent village du dictionnaire
quel mot trouvera-t-on pour se souvenir de moi
j’ai vécu trop vite et je ne meurs plus
sur le bas-côté fallait-il accorder
le temps qu’il faut au cœur
pour s’épuiser
l’espace mort avant elle
qui donc voudrait survivre
au paysage
quelle drôle d’idée
par la fenêtre
les clôtures se déglinguent à la lisière et l’amour même disparu
le fantôme se lève tôt
redresser le cadre et nourrir les bêtes
domestiquer le champ gelé
le fantôme porte tous les âges dépareillés
une cigarette veste bottes et casquette contre les grands froids
lucienne le trouve beau ses caresses se font plus pressantes depuis qu’il est mort
chaque soir lucienne confronte le fantôme
qui s’époumone à disparaître
elle lui parle des enfants
tous élevés pourrais-je maintenant m’affaisser
me déprendre
quand partir comment partir
elle raconte les voyages de ses fils
de ses filles les vacances le parcours des petits-enfants
de la ville à la grand ville tant d’autoroutes elle tremble
reprise repasse les itinéraires
colibri
en un éclair tant de terre parcourue
et dire qu’elle n’a quitté le rang
qu’une fois pour le village sa chambre d’hiver
lucienne tricote chausser le pas
de ceux qui à peine debout
courent s’effondrer
sur le bas-côté
je lisais soixante ans oublieuse de cancer du fantôme l’évasion véranda et la chienne a fugué
je n’ai rien entendu le poids lourd les roues le klaxon
mais le cri
je lisais trente ans nous avions donné quelques sous à céline cinq cents pour cinq ans quelques sous qu’elle s’achète donc des friandises au dépanneur en face au coin tout près nous la guettions du coin de l’œil je lisais au moment de traverser en face au coin tout près c’est au retour le carrefour le poids lourd en boisson
je lisais pas eu le temps mais le cri et céline a roulé
passé repassé le poids lourd d’un éclat de cervelle
sur la route trente ans
et la chienne a roulé
en boule soixante ans
sur le bas-côté
je lisais
pourquoi ai-je vécu à côté de la grand route
la seule beauté mon enfant sur le bas-côté
tout gagner tout perdre dans un sursaut
je ne me suis pas ménagée
comme le reste
compté comptabilisé pour que rien ne manque
à la boucle du mois
pour ceux qui résistent
quand partir comment partir
sa vie déborde
lucienne découpe l’excédent de souvenirs
plus de place pour rien au monde
que l’enfant perdue
il y a si longtemps
la maison le rang le village
désert
où partir du côté ivre des chambres de jeunesse quelle caravane de poids lourds
elle raconte le voyage de ses fils le parcours
où partir
Le Père Noël au pays de la lecture
10e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
10e rappel : Toute ressemblance avec le vrai Père Noël est le fruit de votre imagination. S'ouvre à Montréal le salon du livre. Quelle belle occasion de faire oeuvre utile et parler de lecture pour faire oublier que je suis une ordure au service du dieu argent. Comme vous le constatez, j'essaie de me refaire une certaine virginité, mais c'est du travail...
Le Père Noël au pays de la lecture
Je suis le Père Noël
Je suis une ordure qui veut développer la culture
Je vous amène au merveilleux pays de la lecture
Je veux vous éloigner de mon royaume de bébelles
Je sais que la lecture est un problème de société
Je vois peu d’adultes lire pour le plaisir
J’aimerais les voir arriver au travail avec un livre
Je déplore que la lecture ne soit pas privilégiée
Je sais que la lecture est un problème pédagogique
Je sais qu’enseigner à lire a une valeur inestimable
Je sais que c’est un privilège, une responsabilité, une mission
Je rêve du jour où on fera lire beaucoup et souvent
Je sais que la lecture est un problème individuel
Je veux que l’on fasse rêver les jeunes par la lecture
Je veux que l’on fasse rire les jeunes par la lecture
Je veux que l’on fasse découvrir le monde par la lecture
Je veux qu’on leur fasse découvrir des univers infinis
Je veux qu’on arrête de faire lire par devoir
Je veux qu’on leur fasse découvrir des millions d’expériences
Je veux qu’on les fasse participer à une sorte d’éternité
Je me suis égaré en route au pays de la lecture
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je veux vous donner en cadeau le goût de la lecture
mercredi, novembre 15, 2006
Le Père Noël au Darfour
9e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël au Darfour
Je suis le Père Noël
Je suis une ordure
Je cours observer le Darfour
Je suis dans cette région meurtrie du Soudan
Je ne sais pas où se situe le conflit
Je ne sais pas si c’est un génocide
Je suis un Père Noël inculte
Je ne connais que la mystification
Je ne sais pas si c’est un nettoyage ethnique
Je ne connais pas ces milices Janjawid
Je marche parmi ces millions d’exilés par elles
J’ai vraiment l’air fou dans mon accoutrement
Je ne sais pas pourquoi elles violent impunément
Je ne sais pas pourquoi elles tuent impunément
Je ne sais pas pourquoi elles kidnappent impunément
Je suis un ignare des questions internationales
Je ne suis pas un cavalier noir armé d’un kalachnikov
Je ne suis pas un pauvre qui se bat contre les pauvres
Je suis le riche qui appauvrit les pauvres
Je suis le mercenaire du capitalisme
Je n’ai rien su de la famine de 1985
J’ai fermé les yeux comme l’Onu
Je ne suis pas armé par le gouvernement de Khartoum
Je promène ma poche de cadeaux tout simplement
Je constate la désertification au Nord du Darfour
Je comprends les nomades à chercher des terres au Sud
Je vois des villages attaqués la nuit
Je suis le pire des impuissants
Je foule le sol où se déroule une guerre coloniale
Je vois que cette guerre est menée par Khartoum
J’assiste à une guerre d’exploitation économique
Je suis mal placé pour faire la morale
Je serai courtisé par les grandes compagnies agro-industrielles du Golfe
Je vois un gouvernement qui ne cherche à développer rien
Je constate l’insuffisance et l’hypocrisie de la communauté internationale
Je suis tellement embêté par ce conflit et je me sens tellement con
Je suis au Darfour
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
J’observe cette immense bavure
Le Père Noël défend le protocole de Kyoto
8e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël défend le protocole de Kyoto
Je suis le Père Noël
Je suis une ordure qui veut respecter la nature
Je milite pour le respect du protocole de Kyoto
Je suis victime du réchauffement dans le Grand Nord
Je vois les glaces fondre dans mon Grand Nord
Je vois le froid moins froid, l’hiver moins long
Je ne veux pas que le Nord devienne la Floride
Je ne veux pas me départir de mon chaud costume
Je suis contre la position de Harper à Nairobi
Je sais qu’il dirige un gouvernement minoritaire
Je sais qu’il ne représente pas la position du Québec
Je sais que les partis d’opposition rejettent sa position
Je sais que l’hydro électricité pollue moins que les sables bitumineux
Je sais que Harper est albertain et protège l’Alberta
Je sais qu’il refuse les sommes promises au Québec
Je sais qu’il se ferme les yeux sur ce problème
Je sais qu’Ottawa ne veut pas accorder 45 secondes à Béchard
Je sais que Béchard a une entente secrète avec Rona Ambrose
Je sais qu’il a promis de ne pas écorcher Ottawa à Nairobi
Je sais que Harper est attaqué de toutes parts à Nairobi
Je sais que notre planète est malade
Je sais qu’il faut arrêter de la polluer
Je sais que tous doivent s’impliquer
Je sais qu’il faut le faire savoir aux politiciens
Je suis à Nairobi au Kenya
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je veux respirer de l’air pur
lundi, novembre 13, 2006
Recueil de poèmes de Rosalie Lessard
Il s'agit de ma nièce et filleule Rosalie Lessard.
Le jeudi 9 novembre, au Saint-Sulpice sur la rue Saint-Denis à Montréal, les Écrits des Forges lançaient le second recueil de Rosalie Lessard : La Chair est un refuge plus poignant que l’espace. La célèbre maison de poésie procédait à un lancement collectif ; étaient donc aussi lancés les derniers recueils de Claude Beausoleil, François Charron, Yolande Villemaire… Rosalie a eu l’occasion de lire quelques-uns de ses poèmes.
La Chair est un refuge plus poignant que l’espace scrute l’écart et l’union, décortique les liens qui unissent les êtres. À quelle distance doit-on se tenir les uns des autres ? À quelle distance de soi ? Quel espace ramène à soi ? Quel espace déroute ? Quelle relation peut nous rétablir? Comment exister dans l’amour sans se détruire?
tu quittes une terre pour un corps
mue des désirs
la chair est un refuge plus poignant que l’espace
Vivre avec un exilé, c’est entrer soi-même en exil, c’est accepter de devenir « corps d’attache / chair d’asile », creuset de l’identité de l’autre, c’est consentir à « remodeler le vide / ton regard sur le mien », à partager une histoire, une parole. Accepter de donner ses « souvenirs à boire / très chauds / pour rendre le nouveau monde présent ».
C’est également devenir traducteur du sensible – paysage, langage, imaginaire. C’est donc aussi déplacer ses yeux, aborder le monde depuis ses bords, ses limites, depuis la différence, dans l’éloignement et la nécessité de comprendre, d’expliquer, de donner un sens au réel qui, au premier regard, est indéchiffrable.
Le recueil dépeint donc une expérience d’expatriation culturelle qui donne lieu à une déportation intérieure, à une « migration sous terre » :
voix d’érosion
les manies et le sens transplantés
l’immigré à plat ventre
éviter le tir
d’un oubli plus total
L’œuvre de Rosalie Lessard spécule sur l’inquiétante fusion amoureuse, ce « volcan sans fenêtre », sur l’intimité, tendre et déchirante, puis sur la rupture, distance retrouvée, « la chambre où tu n’es pas / un corps à soi ».
tu m’offres des fleurs dont je ne peux prendre soin
il n’y a qu’à regarder
vivre et mourir
il n’y a toujours que soi
dans un décor qui n’en finit plus d’apparaître
soi dans les yeux et les fleurs
soi
un doigt une voix qui pointe le réel
soi derrière l’amoureux la maison le voyage
décalé décodé soi
tu m’offres des fleurs dont je ne peux prendre soin
il n’y a qu’à se regarder
vivre et mourir
Le recueil se referme sur l’esquisse et l’interrogation de quelques formes d’exil social et existentiel, notamment « la distance en soi » qu’implique tout acte terroriste :
ils ont pris une école en otage
les mains peuvent-elles tout faire
sans domicile fixe,
démolir le savant désordre du cosmos
loin des yeux
un sablier problématique avale une vaste plage
ils n’ont jamais vécu
jamais joué
ou si peu
les mains nues
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rosalie_Lessard
Les Écrits des Forges (Photo du recueil)
http://www.ecritsdesforges.com/2006/lachairestunrefuge.shtml
Festival international de poésie de Trois-Rivières
http://www.fiptr.com/FIPTR-fr/quoideneuf/quoideneuf_2006.html
Festival international de poésie de Manzanillo (Mexique)
http://www.oqaj.gouv.qc.ca/francais/nouvelles/n251105.html
Salon du livre de Montréal
http://www.salondulivredemontreal.com/
dimanche, novembre 12, 2006
Le Père Noël au Temple de la renommée
7e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël au Temple de la renommée
Je suis le Père Noël
Je suis une ordure qui veut se donner de l’allure
J’accompagne Patrick Roy au Temple de la renommée
Je dois l’amener de force à la cérémonie d’intronisation
Je comprends sa tristesse d’être sacré si jeune
Je suis comme lui irrité et en même temps souriant
Je sais que Patrick y va à reculons
Je sais qu’il a passé à autre chose maintenant
J’aimerais moi aussi passer à autre chose demain
Je suis piégé par le système capitaliste
Je joue cette comédie pour faire sonner les tiroirs-caisses
Je sais que le tiroir-caisse sonnera lundi à Toronto
J’entends bourdonner ton sarcasme sur Latendresse
Je déplore comme toi la commotion suscitée par cette blague
Je suis heureux moi aussi que Latendresse touche à la rondelle
Je donne en cadeaux aux ados tellement de ces bébelles
Je suis totalement fasciné par ce morceau de caoutchouc
Je vois qu’il fait courir et vibrer des foules
Je sais que la foule se défoule sur ce qui la refoule
Je lancerais cette rondelle contre une poubelle
J’accompagne Patrick au Temple de la renommée
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je suis à Toronto la pure et j’en ai cure
vendredi, novembre 10, 2006
Le Père Noël chez Wal-Mart
6e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël chez Wal-Mart
Je suis le Père Noël
Je suis une ordure
Je suis conscrit à contrecoeur chez Wal-Mart
Je dois me faire asseoir des centaines de bambins
J’ai mal aux genoux à cause de mon arthrite
Je vois déjà une marée de bambins et de mamans
Je sens déjà la merde dans la couche de certains
Je dois cruellement subir mon cruel destin
Je reçois tout un crachat du premier bambin
Je suis certain que c’est un maudit enfant roi
Je lui fais une grimace et William se sauve en pleurant
Je m’emmerde cruellement dans cette maudite galère
J’entends Samuel me dire qu’il hait ses parents
Je vois Noémie refuser mon cadeau en rechignant
J’assiste sidéré au refus de Magan de venir s’asseoir
J’aimerais fuir ce maudit Wal-Mart à la con
J’entends à peine les bribes de mots d’Ariane et d’Alexis
J’admire le silence très prolongé de Jade et de Thomas
Je me fais tirer la barbe par Mathis et Jeremy
J’ai failli leur arracher les oreilles à ces petits cons
Je suis fourbu et totalement crevé de fatigue
Je suis sur le point de sombrer dans la démence
Je ne vois plus les Léa, les Sarah, les Laurie, les Anthony
Je ne vois que des scories, des consommateurs à tout prix
Je prie Uniprix, Familiprix, Maxi, Sears, Zellers de m’oublier
Je crie à qui veut m’entendre que je ne suis plus capable
Je demande à Karl Marx de venir me kidnapper
Je suis la plus abominable immondice de la terre
Je suis très malheureusement dans un Wal-Mart
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je suis un vil insecte baignant dans sa chiure
jeudi, novembre 09, 2006
Le Père Noël dans le ranch de Bush
5e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël dans le ranch de Bush
Je suis le Père Noël
Je suis une ordure
Je m’évade au Texas dans ton ranch, cher Bush
Je veux respirer l’odeur de ton fumier
Je te vois Bush te reposant de la débâcle de mi-mandat
Je veux sentir tes humeurs à Crawford
Je me sens loin dans ton Texas profond
Je me sens animal parmi tes animaux
Je te vois triste marchant dans ton clos
Je vois l’ombre de Nancy Pelosi qui te suit
Je te sens regretter la jadis Nancy Reagan
Je te sens ruminer comme tes bêtes
J’ai su que tu as flushé Rumsfled, symbole de l’enlisement irakien
Je vois que tu as pilé sur ton orgueil, ton arrogance, ton idée fixe
Je constate que tu as perdu ton référendum sur l’Irak
Je te vois caresser tes bêtes complices de ton humiliation
Je voudrais te donner des étrennes, des Ah! Ah! Oh! Oh!
Je voudrais t’embrasser au risque d’une méprise
Je te sens bête parmi tes bêtes
Je sens que la vérité du vote a démasqué tes mensonges
Je sais que tu es un manipulateur tout comme moi
Je sais que tu ne peux pas toujours mentir comme moi
Je sais que tu incarnes le capitalisme comme moi
Je sais que tu dois être démasqué comme moi
Je suis à Crawford au Texas
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je me sens avec Bush comme un animal en pâture
mercredi, novembre 08, 2006
Le Père Noël en Irak
4e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël en Irak
Je suis le Père Noël
Je suis une ordure
Je m’imagine en Irak
Je dénombre 654 000 Irakiens tués
Je dois sauver ma peau
Je me fais tirer par des Sunnites
Je me fais viser par des Chiites
Je dois me terrer, éviter les tirs
Je suis loin d’être invisible
J’ai tout un costume
Je suis rouge de honte tout comme lui
Je marche dans Bagdad sans bruit
Je n’ai pas de clochettes
Je n’ai pas de sac de jouets
J’observe l’absurdité de cette guerre
Je me tais et je me terre
Je symbolise le mal pour un mollah
Je ne m’aventure pas dans une mosquée
Je me ferais pointer du doigt
Je me ferais vilipender et conspuer
Je suis mal à l’aise en Irak
Je ne puis croiser le regard d’un enfant
Je n’ai rien à offrir à sa mère
Je sue à grosses gouttes d’eau
Je suis en Irak
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je suis une écorchure
mardi, novembre 07, 2006
Le Père Noël est une véritable ordure
3e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël est une véritable ordure
Je suis le Père Noël
Je suis une ordure
Je discipline les enfants
Je donne un répit aux parents
Je n’utilise pas les cheminées
Je ne suis pas un imbécile
Je sais me garder propre
Je sais que les portes existent
Je n’ai pas de lutins
Je ne connais pas la fée des glaces
Je n’ai pas de rennes ni de traîneau
J’ai une auto comme tout le monde
Je pollue la planète avec mes inutilités
J’enrichis les riches
J’appauvris les pauvres
Je fais partie du rouage capitaliste
Je suis absent de l’Afrique
J’aurais trop chaud dans mon costume
Je détonnerais avec la couleur de ma peau
Je suis blanc comme neige
Je ne suis pas contre la joie des fêtes
Je suis contre la fausseté festive
Je suis le Père Noël
Je suis une moisissure
lundi, novembre 06, 2006
Le Père Noël est une belle ordure
2e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël est une belle ordure
Je suis le Père Noël
Je suis une ordure
J’envahis tout en décembre
Je suis partout dès novembre
Je suis inventé par calculs financiers
Je joue sur les émotions
Je me dois de donner des cadeaux
Je sais les gens piégés
Je suis dans les centres commerciaux
Je dis des niaiseries aux tout petits
Je suis cru naïvement
Je suis le pire des menteurs
Je ne reçois pas vos lettres enfantines
Je sais qu’elles restent à la Poste
J’imagine leurs contenus
Je pleure sur votre crédulité
Je suis la bonne conscience des parents
Je suis leur eunuque de service
Je suis le Père Noël
Je suis une pourriture
dimanche, novembre 05, 2006
Le Père Noël est une ordure
1re péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties
Le Père Noël est une ordure
Je suis le Père Noël
Je suis une ordure
Je fais rêver
Je fais maudire
Je suis l’orgasme des marchands
Je suis l’ire des parents
Je suis le valet de service
Je suis une canaille
J’empêche l’amour véritable
Je suis un miroir trompeur
Je masque les vraies valeurs
Je suis la honte même
Je fais de Noël un mirage
Je suis une fausse oasis
Je suis la surconsommation
Je suis la détresse même
Je crée des joies éphémères
J’empêche les vraies relations
Je suis le Père Noël
Je suis une ordure
vendredi, novembre 03, 2006
Ne m'achetez rien pour Noël
Saga sur le Père Noël
mercredi, novembre 01, 2006
La mort
La mort
Peur de la mort
Peur de l'enfer
Qui suis-je donc
Pour lui dédier ces vers ?
Elle va et vient
Elle embrasse le plus fort
Elle côtoie le plus faible
Tous deux n'y peuvent rien
Elle est ici
Elle est là
Toujours elle attendra
Une imprudence de votre part
Pour faire retentir le glas
Si vous l'entendez venir
Elle s'immobilisera
Jusqu'au moment où son souffle
Vous ne sentirez plus
Où le vôtre se coupera
Qu'y a-t-il de si effrayant
Dans ce dernier soupir ?
Dès votre naissance vous le savez
Vous allez mourir
Pourquoi avoir peur ?
Votre destin vous le connaissez
Votre vie n'est de votre mort
Que le tracé.