samedi, février 24, 2007

Monologues de la solitude

Par Jacques Rancourt
Monologues
Mes autres poèmes

Monologues de la solitude

Je vis cloîtrée dans ma petite chambre
Je passe mes journées à me bercer
J’espère en vain la sonnerie du téléphone
J’attends en vain une quelconque visite

Je prie, je pleure, je m’ennuie
Je regarde mes quelques rares photos du passé
Je me remémore le visage de mon mari décédé
J’attends la visite de mes quelques enfants

Je jongle, je rumine, je m’étiole
J’étais jadis de toutes les associations
J’étais la reine de toutes les réunions
Je riais, je contais, j’étais heureuse

J’attends, j’espère, je me désole
Je chiale sur tout et sur rien
Je déteste la nourriture qu’on me sert
Je refuse leurs jeux enfantins

Je me plains, je maugrée, je maudis
Je dors très peu la nuit
Je souffre d’incontinence
J’ai les jambes enflées

J’ai mal, je boite, je souffre
Je ne vais plus à la messe
Je n’irai pas voter
Je ne m’intéresse plus à rien

Je tremble, j’angoisse, j’hallucine
J’attends désespérément l’issue fatale
J’ai peur d’agoniser et de mourir seule

Je suis la plus seule des solitaires

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Tableau très réaliste d'une scène familière pour toute personne qui visite et fréquente une résidence pour personnes âgées.
La photo, dans sa simplicité extrême, montre bien tout le désarroi et l'abandon à elle-même qu'éprouve la vieille dame.
Ce qui est triste, c'est que la solitude n'effecte pas seulement les personnes âgées, mais un grand nombre d'individus, peu importe leur âge...
Belle réflexion sur ce sujet si actuel et si fréquent! Si bouleversant aussi!

Anonyme a dit...

Bonjour Jacques
Après une semaine passée comme résidente visiteuse dans une demeure pour personnes âgées, je suis bouleversée par ton poème. La solitude que tu décris est palpable comme n'importe quelle maladie, et elle détruit plus les gens que n'importe quelle maladie. C'est une souffrance atroce que vivent les gens isolés ainsi de toute ce que représentait leur vie.
Amitiés, A