jeudi, mai 31, 2007

Le paradis des animaux

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Le paradis des animaux

Dans le paradis des animaux
Y a des taureaux qui copulent
Des vaches qui se déhanchent
Au large des enclos
Dans le paradis des animaux
Y a des veaux qui dorment
Comme de jeunes tourtereaux
Le long des berges sacrées
Dans le paradis des animaux
Y a d’autres boeufs qui beuglent
Pleins d’idées lubriques
Aux premières lueurs
Mais dans le paradis des animaux
Y a des espoirs qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des langueurs paradisiaques
Dans le paradis des animaux
Y a des vaches qui broutent
Dans des prairies trop abondantes
Des trèfles pullulent
Elles vous en mettent plein la gueule
À croquer la fortune
À décoiffer la lune
À bouffer des haubans
Et ça sent le bon foin
Jusque dans le cœur des prairies
Que leurs grosses pattes invitent
À revenir en plus
Puis se lèvent en courant
Dans un bruit de tempête
Referment leurs margoulettes
Et sortent en rotant

Dans le paradis des animaux
Y a des boeufs qui mangent
En se frottant la panse
Sur la panse des vaches
Et ils tournent et ils dansent
Ils oublient cette terre et sa misère
Ils oublient l’Irak et l’Afghanistan
Ils oublient le Darfour et le Liban
Ils oublient ces humains monstrueux
Ils sont loin de toute cette misère
Et quand ils ont bien oublié cette terre
Se plantent le nez vers elle
Se mouchent dans les étoiles
Et ils pissent comme je pleure
Sur ces humains sans pareil
Dans le paradis des animaux
Dans le paradis des animaux
..............................................................................
À la manière de Jacques Brel

1 commentaire:

Anonyme a dit...

HAHAHA!
Oui, il y a du Brel dans l'air!
On y reconnaît le pastiche de son célèbre "Amsterdam"...
Bestiaire qui prend forme, difficile de se défaire de son passé terrien!
J'annexe la chanson de Brel :

Amsterdam

Paroles et Musique: Jacques Brel 1964 "Olympia 64"

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui chantent
Les rêves qui les hantent
Au large d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dorment
Comme des oriflammes
Le long des berges mornes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui meurent
Pleins de bière et de drames
Aux premières lueurs
Mais dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des langueurs océanes

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants
Ils vous montrent des dents
A croquer la fortune
A décroisser la lune
A bouffer des haubans
Et ça sent la morue
Jusque dans le cœur des frites
Que leurs grosses mains invitent
A revenir en plus
Puis se lèvent en riant
Dans un bruit de tempête
Referment leur braguette
Et sortent en rotant

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dansent
En se frottant la panse
Sur la panse des femmes
Et ils tournent et ils dansent
Comme des soleils crachés
Dans le son déchiré
D'un accordéon rance
Ils se tordent le cou
Pour mieux s'entendre rire
Jusqu'à ce que tout à coup
L'accordéon expire
Alors le geste grave
Alors le regard fier
Ils ramènent leur batave
Jusqu'en pleine lumière

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore
Ils boivent à la santé
Des putains d'Amsterdam
De Hambourg ou d'ailleurs
Enfin ils boivent aux dames
Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or
Et quand ils ont bien bu
Se plantent le nez au ciel
Se mouchent dans les étoiles
Et ils pissent comme je pleure
Sur les femmes infidèles
Dans le port d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam.