dimanche, mars 08, 2009

Aspire et soupire

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes


Une autre J de la F
À quand une éternelle
J de la F
C’est ce à quoi j’aspire
C’est ce qu’elle soupire

Ce matin j’aspire et je transpire
Je fais ce geste millénaire
Bien connu de la F
Combattre la poussière
Cela m’inspire

Le mâle que je suis
Le mâle qui essuie
Aspire à soutenir
Que ce qu’il voudrait aspirer
Est hors de sa portée

Il voudrait les voir là
Devant son aspirateur
Les requins de la finance
Les idéologues somnifères
Les manipulateurs crapuleux
Mais hélas il ne voit que la poussière
Je laisserai ma maison propre

Femmes de ma planète
Quand vos hommes
Cesseront-ils de tout salir
Quand passeront-ils l’aspirateur
Dans les coins sombres
De leur vie
..................................................

vendredi, mars 06, 2009

Tes deux visages

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes
Tes yeux mielleux pour le public
Tes yeux espiègles pour l’intimité
Tes deux visages
Ta bouche ouverte pour le mensonge
Ta bouche souriante à la naïveté
Tes deux visages

Je ne peux plus te voir ni t’entendre
Dans les cumulo-nimbus je vois
Tes deux visages
J’ai fui au bout du monde
J’ai traversé les océans
Pour oublier à tout jamais
Tes deux visages

Au retour reverrais-je encore
Toute ta turpitude toute ton arrogance
À berner les pauvres gens
À leur dire n’importe quoi
Tes deux visages
Resteront-ils collés comme une sangsue
Que je devrai brûler au fer rouge

Toi le financier qui fourre tes clients
Toi le politicien qui berne ton peuple
Toi le curé qui prêche dans ton désert
Éloigneras-tu ce calice amer
Qui consiste à nous imposer
Tes deux visages


mardi, mars 03, 2009

Notre chambre rose

Par Jacques Rancourt
Au pays des souvenirs
Mes autres poèmes

Au pays des souvenirs
À une époque très lointaine
Il y a cette chambre rose
Fermée en hiver
Ouverte à tous nos rêves
Au printemps

Tournée vers la Pozer
Habitée par nous
Ces braves gaillards
Les gars à Florence
Ses beaux rejetons
Peu enclins aux dégâts
Aux coups d’éclat

Ses murs roses
Imprégnés de nos confidences
Parés pour l’éternité
En attente de la délivrance
Vers des vies à bâtir
À coups de volonté
À façonner des hommes
Laissés seuls par le destin

Notre chambre rose
Avec nos destins
Pas toujours roses
Où se repose
Un désir d’escapade
Vers des légendes
Plus vivables
Lassés que nous sommes
De tourner en rond

Nous avons détourné
Nos yeux de ce mirage
Pour nous la Pozer
Ne sera jamais
L’Amazone


jeudi, février 26, 2009

Taper sur le clavier

Par Jacques Rancourt
Que taper sur le clavier
Des mots pulsant la tristesse
Des mots roucoulant la mélancolie
Des mots anticipant des joies futures
Des mots déversant le trop plein ou le trop vide

Si ces mots pianotaient la tendresse
Si ces mots effleuraient les fibres sensuelles
Si ces mots gelaient les pensées négatives
Je n’aurai pas usé mon clavier en vain

Dire et redire des mots de tendresse
Laisser battre un cœur rempli d’émotions
À la vue de cet enfant qui joue dans le sable
À la délicatesse exprimée par cette aidante
À épier cette mésange et sa graine de tournesol
À cette chatte qui ronronne sous une chaise
À ce coucher de soleil à la fin d’une journée folle


samedi, février 21, 2009

Mont Thabor

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Encore une fois j’escalade le Mont Thabor
Encore une fois je vais me transfigurer
Encore une fois je ferai un Obama de moi
Encore une fois je me dois de les méduser

Il leur faut du surnaturel
Il faut les faire rêver
Il faut s’élever
Il faut

Mais je commence à être tanné
Mais je me passerais de ces facéties
Mais je n’ai pas le choix
Ils attendent trop de moi

Alors je me transfigurerai
Je leur dirai n’importe quoi
Ils ont foi en moi
Que voulez-vous
Je dois assumer mon destin

Si je les déçois, c’est évident
Qu’ils vont me crucifier
Qu’ils vont me calomnier
Qu’ils vont me rejeter

Pas un instant à perdre
Vite au sommet du Mont Thabor
Qu’ils s’approchent
Il faut que la prophétie se réalise

jeudi, février 19, 2009

Minuit moins cinq

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes


"À la mémoire d'un collègue qui vient de décéder d'un cancer
à l'âge de 63 ans."

Quand un cancer gagne tout ton corps
Quand est devenue claire l’échéance finale
Quand le monde physique se retourne contre toi
On peut comprendre la peur luire dans tes yeux

Il y a évidemment la peur de l’inconnu
Il y a surtout la peur de la solitude de la mort
Il y a ce frisson à l’idée de ce dernier voyage
Personne avec qui partager l’ultime douleur

Il reste un temps pour rire de l’absurdité
De la vie pour un cheveu qui grisonne
De la vie pour une ride qui apparaît
De la vie pour une glande qui dysfonctionne

Si près du destin final
Ton regard par en arrière fait sourire
Tant d’importance accordée à des futilités
Tant de temps perdu pour des niaiseries
Tant d’absences pour ce qui était important
Tant de mots d’amour laissés dans le coffre-fort
Tant de minutes gaspillées à ne pas prendre ton temps

Le temps de vivre pleinement un jour à la fois
Le temps d’aimer les personnes de ta vie
Le temps de chérir ta petite planète bleue
Le temps de regarder briller les étoiles
Dont l’une d’elle sera peut-être
TA NOUVELLE DEMEURE

mercredi, février 18, 2009

Elle me disait

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Elle me disait
Qu’elle était lasse de vivre
Qu’elle se sentait abandonnée de Dieu
Que plus rien ne l’intéressait sur cette terre

Elle me disait
Que sa mémoire lui jouait des tours
Qu’elle craignait ne plus reconnaître les siens
Qu’elle supportait difficilement le temps

Elle me disait
Que le temps était venu de partir
Qu’elle n’avait plus sa place ici
Que sa destinée était ailleurs

Elle me disait
Que son vieux corps la faisait souffrir
Que les gestes les plus simples étaient pénibles
Qu’elle pensait à la mort comme une délivrance

Je sentais tout son désarroi et toute sa détresse
Toute cette longue route pour en arriver là
Je savais que mes paroles seraient inutiles
Écouter était tout ce que je pouvais lui offrir