mardi, janvier 02, 2007

Le Père Noël en pèlerinage à Compostelle avec sa famille danoise

Par Jacques Rancourt
44e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties

Je suis le Père Noël décidé à retourner sur le lieu de mon miracle
Je veux montrer aux miens l’endroit exact où j’ai lâché un râle
Je veux montrer l’endroit exact où s’était posée la bartavelle
Je veux montrer l’endroit exact où ma Danoise m’a tiré de la géhenne

J’arrive avec les miens sur le sentier mythique plein d’hurluberlus
Je vois les yeux étonnés de mes enfants à la vue de ces pèlerins perdus
Je leur explique que la plupart cherchent un sens à leur existence par la fuite
Je dois leur expliquer comment j’étais tourmenté à une certaine époque

Je décide de louer une ânesse afin de participer à cette ânerie
J’installe ma Danoise sur l’ânesse avec mon timoun haïtien
Je demande aux cinq autres enfants d’accompagner le cortège
Je veux faire les derniers kilomètres avant d’arriver à Compostelle

Je constate avec horreur que l’ânesse vient de chier sur le pied de Barbara
Je vois que le chemin est très bien indiqué de Melide jusqu’à Arca
Je remarque que de nombreux pèlerins si près du but font déjà la fête
Je marche, nous marchons, nous causons, nous échangeons

Je reprends le chemin le lendemain à partir d’Arca sans tracas
Je remarque que le chemin serpente parmi les forêts d’eucalyptus
Je constate que le chemin est devenu une véritable autoroute
Je constate que le lieu historique de Lavacoalha est méconnaissable

Je sais que les pèlerins s’y lavaient autrefois avant d’entrer à Saint-Jacques
Je constate que de nombreux non pèlerins font ce bout de chemin en touristes
Je conduis l’ânesse dans un immense camping réservé aux pèlerins
Je marche avec les miens dans des rues piétonnes vers la cathédrale

J’entre avec les miens dans la cathédrale pleine de monde à craquer
Je vois la ferveur réelle des pèlerins si profondément émus
J’entends à la messe les noms des nationalités qui ont fait le chemin
J’assiste au balancement de l’immense encensoir au-dessus de nos têtes

J’accomplis avec les miens les rites envers la statue de Saint-Jacques Pèlerin
Je mets la main sur la colonne dans les traces creusées par des milliers de mains
Je dois taper mon front en signe d’humilité sur la tête de Maestro Matteo
J’ai voulu tout voir avec les miens et nous avons marché et marché

Je savais que le temps de retourner à Copenhague était arrivé
Je retournai travailler dès le lendemain dans ma boulangerie
Je vis mes enfants reprendre avec joie le chemin de l’école
Je reçus chaque nuit mille baisers de ma jolie Danoise