samedi, juillet 12, 2008

Récidive salutaire

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Que vois-je en pleurs près de ma haie
Ces sanglots n’étaient pas le bruit d’un orage
Ces larmes bruissaient comme un outrage au silence
J’arrêtai prestement le moteur assourdissant de ma tondeuse

Je reconnus ma voisine éplorée que j’avais jadis consolée
Mon support lui avait permis de supporter les semaines et les mois
J’écartai les branches des thuyas et une vision d’horreur éclata
Une femme démolie dont les larmes arrosaient ma haie

Elle me fit signe d’approcher près d’elle
Elle voyait en moi le bienfaiteur plein de promesses
Une lueur d’espoir perlait dans le plus creux de ses yeux
Qu’espérait-elle de l’humble et timide mortel que je suis

Je n’irai pas par quatre chemins mon aimable voisin
Seul un contact physique pourra encore me sauver
Se disant elle laissa tomber son chemisier dénudant ses seins
La jupe partie loin comme poussée par un vent violent
La petite culotte virevolta et alla choir sur le carburateur
Nue telle que Dieu l’avait créée elle commença à me dévêtir

Même si mon gazon exigeait une coupe d’urgence
Même si je devais aller faire l’épicerie pour le souper
Même si je devais nettoyer le filtre de ma piscine
Même si j’avais un poème à écrire pour PoéSarts
Je m’abandonnai totalement à vivre ma légende personnelle
L’humaine à sauver comptait plus que tous ces travaux d’intendance
Un corps torturé dont l’âme ne savait plus que faire
Exigeait de moi le sacrifice ultime de ma plus grande disponibilité
C’est ainsi que ma voisine combla sa soif infinie d’amour
Ce qu’elle prit de moi me laissa épuisé et amaigri
Mais je fis d’elle la plus radieuse des nymphomanes