jeudi, mars 31, 2016

Les tiroirs de ma mémoire

Jamais je n’aurais pensé
Que rendu à un âge vénérable
Les tiroirs de la mémoire s’entrouvriraient
Sans que je le veuille vraiment

Ce que j’y trouve est tellement beau
Que le doute s’installe en moi
La réalité de mon enfance semble
Tellement embellie que j’en suis ému

Pourtant je suis né sur une terre infertile
Où les roches contrôlaient le territoire
Pourtant j’ai vécu dans l’insignifiance
D’une enfance épicée au fondamentalisme
Catholique empreint de religiosité

Je ne savais pas ce qu’était la révolte
L’allée des vaches étant le tracé
Qui me conduisait à l’orée du boisé
Où j’ignorais le mot décimation

Mon œil vieilli voit tellement proche
Ces insignifiances lointaines
L’homme que je suis
N’aurait jamais assumé
Ce qui fut jadis
Sans un cri de révolte
De colère

Prendre l’affabulation pour la vérité
Voir mes ancêtres si chers s’abreuver
De ces eaux sans se questionner
Ne les voir jamais remettre en question
Ce qu’il prenait pour la réalité
Tout cela horripile au plus haut point
Le septuagénaire que je suis

Mais hélas je comprends qu’ils étaient
Prisonniers dans leur univers clos
Qu’ils ne pouvaient regarder de haut
Et rejeter toutes ces fables qui ont meublé
Le désert de leur vie.
Il y a de ces vérités qu’ils n’auraient tout simplement

Pas pu supporter sans suffoquer.