jeudi, octobre 27, 2011

Le clavier

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes


Que taper sur le clavier
Des mots pulsant la tristesse
Des mots roucoulant la mélancolie
Des mots anticipant des joies futures
Des mots déversant le trop-plein ou le trop vide

Si ces mots pianotaient la tendresse
Si ces mots effleuraient les fibres sensuelles
Si ces mots gelaient les pensées négatives
Je n’aurais pas usé mon clavier en vain

Dire et redire des mots de tendresse
Laisser battre un cœur rempli d’émotions
À la vue de cet enfant qui joue dans le sable
À la délicatesse exprimée par cette aidante
À épier cette mésange et sa graine de tournesol
À cette chatte qui ronronne sous une chaise
À ce coucher de soleil à la fin d’une journée folle

Apprivoiser la vie pour mieux voir venir la mort
Caresser des rêves au lieu de s’étourdir
Devenir zen et chercher la paix
Pourquoi courir et s’énerver
La route du bonheur est quelque part
Entre la tête et le cœur
Et bercer un enfant

samedi, juillet 30, 2011

Mon ami le cheval

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes



Très souvent je le croise
Je m’arrête et je lui parle
Cet ami a une longue histoire
Il est le compagnon fidèle de l’humain
Depuis des millénaires

Il fut de tous les combats
Les plus et les moins nobles
Que serait mon pays sans lui
Une terre inhospitalière à défricher
Travailleur inlassable et obéissant


Aujourd’hui nos bolides polluants
Ont fait de lui un être abandonné
On le monte pour le plaisir
On l’utilise dans les rodéos
On le promène dans les fêtes western

Cet être est et restera mon ami
Pour toujours

dimanche, juin 26, 2011

iPad-moi, je t'en supplie

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes
Je me sens seul et triste
De plus en plus étranger à ce monde
Les êtres de mon espèce m’ignorent
Je dois me reconfigurer autrement

iPad-moi des mots de tendresse
Fais de moi une de tes applications
Déroule tes sentiments envers moi
Ouvre-toi sur mon univers

iPod-moi au moins quelquefois
Capture ma présence en photo
iMail-moi la tienne je t’en prie
Je me meurs d’un éternel ennui

iPhone-moi de grâce
Je veux entendre ta voix
Je ne supporte plus tes textos trop brefs
Je veux retrouver ton humanité

C’est ainsi qu’au bord d’un ruisseau
Je me mis à pleurer et à souffrir
Mes yeux se tournèrent vers le ciel étoilé
J’oubliai le iPad le iPod et le iPhone
Je cherchai en vain un humain pour me consoler

Je suis condamné à Facebooker et à Twitter

lundi, mars 14, 2011

Anthropomorphisme

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes


Le cercueil était là dans l'église
La défunte assistait à sa cérémonie
Nous étions tous là dans l'attente
Les mots surgirent de cet homme qu'on dit de dieu
Il semblait vraiment savoir ce qu'il adviendrait
De la destinée céleste de la défunte

De ce monde dont personne n'est encore revenue
De ce lieu mystérieux qui me laisse songeur
L'intermédiaire entre les hommes et ce dieu
Parlait du futur divin d'une façon intarissable
Plus il parlait plus je demeurais sceptique
Plus je destinais ses paroles à la fosse septique

De l'anthropomorphisme à l'état pur me dis-je
Ramener ce qui le dépasse à une dimension humaine
Moi qui me questionne tous les jours sur la mort
Qui me demande si l'après vie existe et qui me refuse
À puiser dans le discours religieux un début de réponse
Qui me refuse de sombrer dans le simplisme à outrance
J'écoutais le vieux prêtre parler et discourir

Quand son heure fatidique arrivera je lui souhaite
D'aller s'asseoir à la droite de dieu le père
De retrouver tous les siens qui l'ont précédé
De vivre toute la béatitude éternelle qu'il a souhaitée
À tous ses fidèles à qui il a imposé sa conception de l'au-delà
Quant à moi je préfère caresser ma chatte et me poser des questions
Et je commence de plus en plus à me fouter des réponses

dimanche, mars 13, 2011

Évelyne

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes


Sublime Évelyne

Petite fille d’Ève

Née à la fin de l’hiver

Signe du printemps

Qui vient

Petite Évelyne

Qui ouvre petit à petit ses yeux

Sur ses parents en extase

Sur cet univers à découvrir

Sur l’étrange et l’inaccessible

Sur le mystère de ce Nouveau Monde

Petite Évelyne

L’ile paradisiaque quittée

Pour ce Nouveau Monde

Où tout est à apprivoiser

Où tout est à construire

Où l’avenir est à définir

Où se tisse sa propre légende

Petite Évelyne

Comme un poisson

Dans les eaux calmes et parfois tumultueuses

Inévitable route qui t’amènera

Vers la liberté des grands fleuves

Vers ces océans où tout est possible

samedi, février 26, 2011

Liberté arabe

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes


Un passage éphémère sur la terre

Quelques années à savourer la vie

La mort viendra assez vite

Mais un colonel fou la précipite

Un fou qui se croit indispensable

Un fou qui se prend pour un autre

Un fou qui se donne le droit de vie ou de mort

Ce fou existe et se croit propriétaire du pays


L’homme qui souffre qu’on humilie qu’on dépouille

Se défoule et refoule le fou dans l’enfer de sa démence

Cette fois sera la bonne et le fou est foutu pour de bon

Ses mercenaires ne tiendront pas le coup malgré le fric

La liberté est une fleur qui mérite de pousser partout

Le peuple a le droit de regagner sa terre promise

Le vent de la liberté souffle des graines d’espérance

Le peuple n’en peut plus de souffrir et de mourir

Le fou sera emporté par la tornade de la dignité retrouvée

dimanche, janvier 02, 2011

Devenir zen

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

On me demande de devenir zen

J’éclate d’un immense rire sonore

Qui passe au-dessus des chutes de la Chaudière

Pour se perdre dans les confins de l’Ungava

Devenir zen si je me ferme les yeux

Devenir zen si je me bouche le nez

Devenir zen si je me coupe les oreilles

On me suggère de vouloir devenir zen

Comme si vouloir suffit à régler tout

Combien de fois j’ai écrit dans mes poèmes

Vouloir la sainte paix

Vouloir la fin des guerres

Vouloir la fin de la faim

Vouloir le début de la sagesse

Chez les fous d’Allah

Qui rêvent de coïter avec des vierges

Rien à faire c’est pire qu’avant

On me supplie d’espérer devenir zen

Quel poison rare que l’espérance

Il faut vraiment être désespéré pour espérer

Espérer l’amour et la fraternité

Espérer mater les démons de la bête humaine

Espérer tuer la cupidité l’avidité l’orgueil

Je suis condamné à désespérer l’impossible

Pour devenir zen il faudrait m’extirper de ce monde immonde

Me cacher quelque part sur une ile

Me faire accroire qu’ainsi je serais utile

Comme tous ces ermites qui prient en vain

Un Dieu qui se fout de ces mortels assis

Qu’il est dans sa béatitude

Je dois assumer ma mortelle condition humaine

Ne demandez pas au Scorpion que je suis

De flirter avec l’idée de devenir zen

Si je le devenais je deviendrais

Le premier pionnier de l’impossible