dimanche, août 30, 2009

Vélo crucifiant

Par Jacques Rancourt




L’air pur du cycliste amateur que je suis
Les cheveux au vent et l’admiration constante
Les routes tortueuses et les sentiers rupestres
Quelle source de plaisir pour le bipède que je suis

Très souvent mes yeux innocents croisent
De nombreuses croix semées sur les bords
De ces routes de ma jadis catholique région
Je sursaute chaque fois à cette étrange évocation

Qui sont ces étonnants bipèdes qui se rassasient
D’une telle morbidité ainsi exposée dans toute son horreur
Quelle exploitation fatale du chagrin et de la tristesse
Quelle est cette religion qui expose ainsi un homme nu
Cloué à une croix devant laquelle on pleure et on frémit
Cette source de larmes intarissable depuis des siècles

Je reprends ma route en vélo et mes neurones s’étonnent
Le fils de ce prétendu Dieu se laisser ainsi crucifier bêtement
Ce prétendu faiseur de miracles impuissant dans sa puissance
Le bon peuple avait besoin de ce sang pour s’agenouiller

L’homme rationnel refuse d’avaler de douloureux fiel
Son esprit critique et scientifique se rie de ce montage
Il préfère dévaler les pentes et admirer les ruisseaux
Entendre chanter les oiseaux et contempler les étoiles
Il préfère maintenant détourner son regard de cette croix
Et regarder la chèvre de l’autre côté du chemin brouter


mercredi, août 26, 2009

Un art de vivre

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

La liberté de penser
Remettre tout en question
Questionner
Douter
Se moquer

Philosopher un art de vivre
Une forme de poésie si nécessaire
Discuter des vrais enjeux
Du pain et des jeux oui
Parler écouter rouspéter aussi

Refuser le moule
Faire éclater les carcans
Philosopher sur la réalité
Amener une perspective différente
Se moquer de la pensée unique
Pourfendre les dogmes

La philosophie une nécessité
Celle qui est connectée sur la vie
Celle qui est un art de vivre et de mourir

samedi, août 22, 2009

Cette langue française

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Cette langue qui permet
D’exprimer des mots d’amour
De pulser des trésors de tendresse
D’imaginer le rêve possible

Cette langue qui permet
À Cabrel de nous ensorceler
À Nelligan de dire toute sa tristesse
À Laberge de nous évader

Cette langue qui permet
D’échanger sur Twitter
De potiner sur Facebook
D’envoyer des messages avec l’Iphone

Cette langue qui permet
De créer des blogues
De partager des recettes de cuisine
De garder contact avec la francophonie

Oubliez les dédales du MELS
Oubliez les éditeurs de manuels scolaires
Découvrez tout son mystère
Apprenez à l’apprivoiser
Engagez-vous à la défendre
À vous battre avec acharnement

Cette langue vous permettra
De dénoncer les inepties du Système
De mener des batailles contre l’imbécilité
D’exprimer votre intériorité
De vous faire écouter avec respect

Osez contre toute désespérance
Combattez l’ignorance
Prenez votre place dans la société
Cette langue à conquérir vous attend
Avec amour
Avec patience
Avec complicité


jeudi, août 20, 2009

Monologues d’un Cyberprofesseur

Par Jacques Rancourt
Monologues
Mes autres poèmes

J’ai mal à ma langue ce matin
Je sirotais mon café en lisant le journal
Mes yeux tombent sur le constat fatidique
On échoue allègrement l’épreuve uniforme
L’examen de français à la fin du cégep

Je n’en croyais pas mes yeux
20 % quittent sans leur diplôme
À cause de cet échec
Moi qui me tue à programmer
Des tests dans mon http://www.cyberprofesseur.com/
J’étais consterné

Des souvenirs de ma pratique pédagogique
Remontent à la surface
Je revois les erreurs de mes gars et filles de 17 ans
Des participes passés bafoués
Des verbes qu’on refuse d’accorder avec le sujet
Des homophones maltraités
La ponctuation ridiculisée

Et pourtant et pourtant
Comme le chante si bien Aznavour
Un beau matin je sais que je m'éveillerai
Différemment de tous les autres jours
Je constaterai qu’on utilisera mon site
Pour courir rapidement vers le succès
Et réussir enfin cet examen
Qui donnera enfin l’accès
Au fameux diplôme manquant
Et pourtant et pourtant
J’espère que mon coeur
Sera délivré de toute cette tristesse
Que l’effort d’un apprentissage soutenu
Sera au rendez-vous pour cette belle jeunesse

mercredi, août 19, 2009

Confidences humano-bernachiennes

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Hier un poète parlait avec sa plante
Aujourd’hui un autre échange avec une bernache
Il lui raconte sa vie
Elle s’émerveille
Il la caresse
Elle tressaille

Qui dit qu’elle est sauvage
Cette Bernache
Elle lui parle du Mexique
Il lui raconte ses randonnées
Dans la campagne du Bic

Il lui promet des grains de maïs
Elle préfère les fruits sauvages
Il lui parle d’un poète
Qui converse avec sa tête d’oie
Elle sourit tendrement

À contempler les humains du haut
Elle apprend à son ami bicois
Des secrets sur la bête humaine
Il lui parle alors de fleurs et de poissons
C’est ainsi que naquit une grande amitié


mardi, août 18, 2009

Lysimaque cou d’oie

Par Jacques RancourtMes autres poèmes




Quand je regarde le bipède humain
Souvent je me désole
Que faire pour consoler mon moi triste
Contempler ma Lysimaque cou d’oie
Et le sourire revient par enchantement

Elle est source de sagesse
Elle me donne des leçons de vie
Elle est tolérante à plusieurs types de sols
Comme je devrais tolérer plusieurs types
De notre chère espèce humaine

Elle accepte les sols humides et pauvres
Et même secs
Comme je dois accepter différentes formes
D’imbécilité et y trouver quelque chose
Elle adore coloniser les sous-bois
Comme j’adore débusquer les travers
Des humains

Cette tête d’oie est fière et digne
Je passe des heures en sa compagnie
Nous parlons de tout et de rien
Elle ne se prend pas pour une autre
Elle n’est pas capricieuse
Je vis une sainte paix en sa compagnie


dimanche, août 16, 2009

Ce ciel trop proche ou trop lointain

Par Jacques Rancourt
Cette Galaxie du Chapeau
À 28 millions d’années-lumière
Captée par le télescope Hubble
Cela donne à réfléchir

Car vers un ciel trop proche
Un sens à ma vie
Je croyais donner
Nageant dans cette mélasse
Intoxiqué par cet opium
Trop longtemps hélas
Jusqu’au début hélas
De l’âge adulte hélas

Je compris enfin
Qu’à force de regarder
Vers ce ciel trop proche
On se donne un torticolis
On se berce d’une douce illusion
On édulcore la réalité
On vit en illuminé dangereux

Vers ce ciel trop proche
Aucune réponse
Grosse perte de temps
Puissant analgésique
Pour la déprime
Pour cette quotidienneté
Pour ce terrestre destin

À trop rêver d’un ciel proche ou lointain
On oublie de vivre sur la terre qu’on piétine
On oublie l’essentiel hélas
Celle de vivre sa propre légende personnelle


samedi, août 15, 2009

Le mystérieux dimanche

Par Jacques Rancourt
Au pays des souvenirs
Mes autres poèmes


Au temps de ma jeune enfance
Il y avait ce dimanche après-midi
Avec une routine implacable
Comprise tard à l’âge adulte

À cette phase naïve de mon enfance
Impossible à mon jeune cerveau
D’imaginer ou de soupçonner
Ce qui pouvait bien se tramer

Et pourtant il s’en passait
Des scènes grandioses
Dans cette mystérieuse chambre
Celle de mes parents en cet après-midi
Que chaque dimanche amenait

Il fallait déguerpir et s’éloigner
De ce coin mystérieux où disparaissaient
Eugène et Florence pressés qu’ils étaient
À aller accomplir l’acte qui donna
Une multitude de rejetons grâce
À la méthode Ogino mal comprise
Par Florence qui recevait la semence
De son mari alors qu’elle était féconde
Et qui s’abstenait en période d’infertilité

Il faut dire que l’abbé Donat Tanguay
Lui avait expliqué la chose et elle l’avait
Comprise comme elle pouvait
C’est-à-dire de travers
Au grand bonheur du curé
Qui voyait ses ouailles augmenter
Au fil des coïts répétés frénétiquement
Dans l’acte conjugal exécutoire
Sous peine de damnation éternelle

C’est ainsi que je fus conçu
Et que je compris plus tard
Que l’après-midi du dimanche
Était réservé à l’acte copulatoire
L’acte conjugal béni de Dieu

vendredi, août 14, 2009

Revenir sur terre

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Il était temps
Après toutes ces années
Enfin comprendre
Et prendre le temps

À regarder sans cesse en Haut
On oublie le en Bas
Où tout se joue
Inutile de tourner les yeux
Vers le très Haut
Sauver sa peau
Sans se cacher sous le manteau
Du très Haut

De toute façon
Le très Haut se fout
Du très Bas
Le très Bas pour se calmer
A inventé le très Haut
Alors pas de miracle à attendre
Prières, offrandes, rituels
N’y peuvent rien
L’encens monte vers le Haut
Et rencontre le très Vide
Le très Bas se doit
De se battre seul
Le très Bas doit
Revenir sur terre
Sa patrie

jeudi, août 13, 2009

Une certaine litanie optimiste

Par Jacques Rancourt

Qui anime le Show du refuge

Dan Bigras

Qui se préoccupe de la forêt nordique

Richard Desjardins

Qui veut sauver nos rivières

Richard Séguin

Qui dénonce le génocide du Darfour

Mia Farrow

Qui ramassait les orphelins de Calcutta

Mère Teresa

Qui conscientisait les pays riches

Dom Helder Camara

Qui dit une vérité qui dérange

Al Gore

Qui est une source de fierté haïtienne

Michaël Jean

Qui est admiré par les Africains

Obama

Qui prône la simplicité volontaire

Serge Mongeau

Qui réalise ses rêves

Guy Laliberté

Qui dénonce la torture

Amnistie internationale

Qui luttait pour la discrimination des Noirs

Martin Luther King

Qui a amené l’abolition de l’Apartheid

Nelson Mandela

Qui peut amener le beau sur la planète

L’être humain

Qui est capable de poésie

L’être humain

Qui peut aimer

L’être humain


mercredi, août 12, 2009

Une certaine litanie pessimiste

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Qui fait les guerres
L’être humain
Qui détruit la planète
L’être humain
Qui laisse les autres mourir de faim
L’être humain
Qui pratique le génocide
L’être humain
Qui vole son prochain
L’être humain
Qui se sert de Dieu pour tuer
L’être humain
Qui pollue lacs et rivières
L’être humain
Qui torture son prochain
L’être humain
Qui drogue pour l’argent
L’être humain
Qui exploite les enfants
L’être humain
Qui blesse hurle crie
L’être humain
Qui ne pense qu’à son moi
L’être humain
Qui se suicide
L’être humain
Qui se saoule comme un cochon
L’être humain
Qui fait cette litanie pessimiste
Un être humain parmi d’autres

mardi, août 11, 2009

Marée basse

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Impossible de prendre le large
J’ai la marée très basse
J’en ai marre d’être amarré
Impossible de me marrer

Non je ne suis pas l’Onondaga
Cette épave jadis célèbre
Pour rester sur le côté
Au côté des vicissitudes
Refusant de reposer sur son socle
Refusant d’avance la visite
Des voyeurs et des chasseurs
D’épaves

Je ne suis pas une épave
Quoique ce matin faute de marée
Je crains qu’on fasse de moi
Un restaurant pour touristes

Ma sœur plus grande et plus obèse
Vit non loin d’ici amarrée à un quai
En ruines et rumine son passé
Je refuse un tel destin
Je veux prendre le large
Que vienne la maudite marée haute
J’ai un petit ami qui m’attend
À la Pointe-au-Père


lundi, août 10, 2009

Tu regardes

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes


Tu regardes attentivement
Ces crapules qui flouent
Qui mènent la grosse vie
Avec l’argent des autres

Tu regardes attentivement
Ces donneurs de leçon
Que sont ces seigneurs de Dieu
Que sont ces saigneurs du Capital
Qui s’enrichissent de la sueur
Des autres et de leurs prières
Qui osent prétendre à une place de choix
Dans ce qu’ils nomment le Paradis
Dans ce paradis fiscal plein d’indulgences
Où ils se sentent à l’abri et où ils prient
Loin de cette plèbe qui souffre
Que leurs avoirs fructifient
Que le fruit des entrailles des autres
Remplisse le calice de leur fêlure d’âme

Tu regardes attentivement
Tu as envie de ruer
Tu as envie de galoper
Tu as envie de redevenir
Un animal sauvage
Fuir cette contrée de crapules
Paître enfin dans un pré
Loin de la connerie humaine

dimanche, août 09, 2009

Délaissée

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Comme cette vieille pelle
Abandonnée dans les champs
La poésie se sent délaissée
Dans ce blogue depuis quelque temps

Où est-il passé le poète
À quelle tâche si urgente
Ses neurones sont-elles occupées
Quelle excuse inventera-t-il
A-t-il une justification

Personne ne se soucie de cette vieille pelle
Pourtant si utile en son temps
La poésie n’accepte pas les excuses
En ces temps incertains
Comme cette vieille pelle
Elle doit revenir dans ce blogue
Elle a trop à dire encore
Pour rester silencieuse
Et délaissée


samedi, août 08, 2009

L'amour

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Aimer avec passion
Aimer avec tendresse
Aimer avec attention
Aimer avec fidélité

Emprunter le même sentier
Regarder dans la même direction
Gravir les mêmes montagnes
Éviter les profonds précipices

Marcher main dans la main
Arroser son jardin
Arracher les mauvaises herbes
Contempler ses rejetons

Oui il y a de ces hommes et de ces femmes
Qui s’aiment pour toujours
Oui il y a ce miracle quotidien
Le plus admirable et le plus étonnant