lundi, février 19, 2007

Le vinocanthrope

Par Anne Brunelle, webmestre de Océanie
La série Ocanthrope
Mes autres poèmes

Le vinocanthrope

du Champagne à l'apéro ? élégant !

son col est blanc
ses habits, taillés sur mesure
son langage, châtié

un Madère avec le potage ? moelleux !

ses amis son triés sur le volet
ses idées, approuvées,
son vote, toujours gagnant

un Chablis avec le poisson ? quel bouquet !

c'est un homme important
sa compagnie est recherchée
il sait jouir de la vie

un grand cru de Bordeaux avec le rôti ? racé !

il a dédain de l'argent
il investit ses économies
il vaut plus mort que vivant

ciel ! pas de vin avec la salade !

ses lectures sont littéraires
sa musique, classique
ses voyages, enrichissants

un Sauternes avec le dessert ? suave !

il ne connaît rien aux sports
il est amateur d'arts
il est poète à ses heures

un Porto millésimé avec les fromages ? noble !

il est connaisseur de café
il n'a aucun sens de l'humour
il a toujours raison

une fine Cognac pour finir ? divin !

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Excellent poème!
Excellents vins!
Mon amie Anne Brunelle m'en avait glissé un petit mot un peu avant de s'envoler hier pour Atlanta, visiter ses beaux-parents, mais cachottière, car je pensais que c'était une autre collaboration entre elle et toi sur un spécimen de notre connaissance!
"Que la fête continue!" dixit notre ami Velaine...
Ou, mieux encore,
faisons comme notre ami Rabelais : "TRINQUONS À TA SANTÉ!"

La Dive Bouteille


Ô Bouteille,
Pleine toute
De mystères,
D'une oreille
Je t'écoute :
Ne diffère,
Et le mot profère
Auquel pend mon cœur
En la tant divine liqueur,
Qui est dedans tes flancs reclose,
Bacchus, qui fut d'Inde vainqueur,
Tient toute vérité enclose.
Vin tant divin, loin de toi est forclose
Toute mensonge et toute tromperie.
En joie soit l'aire de Noach close,
Lequel de toi nous fit la tempérie.
Sonne le beau mot, je t'en prie,
Qui me doit ôter de misère.
Ainsi ne se perde une goutte
De toi, soit blanche ou soit vermeille.
Ô Bouteille,
Pleine toute
De mystères,
D'une oreille
Je t'écoute :
Ne diffère.

(François Rabelais, Cinquième Livre)