dimanche, juin 25, 2006

Être


Photo du Lac Gorgotton au Québec, Canada d'où je reviens de pêche.

La nuit lui sert de couverture
Il craint l'arrivée de l'aube
Son sommeil tire à sa fin
Bientôt la lumière va éclater

Le jour lui sert d'excuse
Il remet à demain l'essentiel
Sa journée tire à sa fin
Bientôt l'obscurité va le cacher

Puis l'inévitable se produisit
Il vit sa lâcheté
Il commença à trembler
Bientôt il aurait à décider

Décider enfin à être
Décider à oublier le passé
Décider à se ficher du futur
Décider à se regarder

Regarder sa grandeur
Regarder ses chaînes
Regarder dans l'invisible
Regarder et vivre

Vivre sans douter
Vivre sans croire
Vivre sans culpabilité
Vivre dans son savoir

Savoir d'où il vient
Savoir où il va
Savoir supporter le temps
Savoir être

lundi, juin 19, 2006

L’enveloppe brune et les examens

Je dédie ce poème à tous ces élèves qui suent et peinent lors des examens.

L’enveloppe brune
Elle est là sur le coin du pupitre de la classe
En attente
Je la fixe l’œil inquiet
En colère
Mes élèves suent et peinent
En réclusion
Je les surveille
Et puis cette même enveloppe brune
Elle me nargue
Elle me lance ses 60 % de fibres recyclées
Elle exige le numéro de l’épreuve unique
Non satisfaite
Elle m’ordonne d’inscrire les numéros de copies
Je refuse
Elle me culpabilise
Il faut le DE à À
Je capitule

Les examens
Déjà les premières copies reviennent
Gorgées de réponses vraies ou fausses
Et toujours cette enveloppe brune
Elle les réclame
Impatiente
Insolente
Brune de colère
Je dois céder encore une fois
J’enfouis machinalement les feuilles
Dans son intimité
Hurlements et cris se font entendre
« Tu ne sais pas lire les directives!
Analphabète
Incompétent
L’exemple parfait du Principe de Peter »
Je la scrute attentivement
Mes yeux s’arrêtent
À ce qui semble être son nombril
Des mots impitoyables me sidèrent
M’aveuglent et m’éblouissent
La brutale réalité confirme son diagnostic
« Doivent être classés
En ordre de code permanent
Avant de remettre l’enveloppe
À la personne concernée »

Je tombai dans un état second
Mes mémoires passées revinrent à la surface
Les mots CODE PERMANENT
Résonnent dans ma tête
Mes élèves
Les enfants de ma vie
Codifiés à tout jamais?
Est-ce possible?
Dans mon délire
Un poème écrit jadis avec amour
Revient me hanter
Je vis ces mots défiler dans mon cerveau
Les uns après les autres…

Et puis ces examens
D’autres copies abattues
Sur mon pupitre
Près de la fatidique enveloppe brune
Me rappellent mon rôle
De surveillant au service de l’enveloppe
Rouage implacable du système
L’enveloppe dominatrice m’avale
Personne ne m’avait dit
Qu’un jour je deviendrais le pantin exécutoire
Des volontés d’une enveloppe brune
Déesse d’un monde codifié

dimanche, juin 18, 2006

Enfants de ma vie, enfants de l’avenir



Je dédie ce poème à toutes les enseignantes et à tous les enseignants qui se dévouent pour leurs élèves.

Enjoués, fatigués, aimés, bafoués
Ces enfants de ma vie
Ces enfants de l'avenir
Ces enfants qu'on m'a confiés
Ces enfants qui me laissent épuisé
Ces enfants qui attendent des gestes d'amour
Ces enfants qui feront le monde à leur tour.

Ce soir, je marche dans leurs rêves
Tricotés avec crayon et papier
Malgré les courants contraires
Malgré les discours réducteurs
Ces enfants sont l'avenir
Ces enfants sont ma source d'énergie
Ces enfants sont mes trésors en or

Le plus beau métier du monde
Développer la personne
Celle qui sera l'avenir
Celle dont je tire le meilleur
Celle que je mène ailleurs
Celle qui sera l'avenir

Ce métier le plus beau
Comme le plus vieux
A pour nom Amour
Femmes et hommes
Par milliers
Chaque jour
Dans la solitude
Dans la joie
Savent
Qu'ils façonnent
L'avenir.

Ce pouvoir
Leur appartient
Personne
Ne peut leur ravir.

vendredi, juin 16, 2006

Du bisse au jardin d’Éden

La fleur : Pavot Pizzicatto

J’errais quelque part sur ma planète
Tant de guerres
Tant de souffrances
Tant de sanglots
Me disais-je dévasté

Au détour d’un boisée
Dans une colline abrupte
Une femme assise près d’un bisse
Pieds nus dans l’eau fraîche
Irradiait la plénitude, la sainte paix

J’ai lu ton poème ô femme
Dans Expression9.com
Si je suis cette perle si précieuse
Pourquoi les incertitudes du siècle présent
Viennent te tourmenter?

Le bisse se transforma en rivière
Avec cette femme toujours assise près d’elle
Cette main qu’elle caressa tendrement
Devint légère laissant échapper le poids de mes soucis
Suis-je le Siddhartha qui rencontre sa belle Kamala
Me disais-je intrigué

La rivière se transforma en fleuve
Avec cette femme toujours assise près de lui
Ses lèvres se posèrent sur mon front
Les sueurs froides provoquées
À la pensée des bipèdes inconscients s’estompèrent
Un doux envoûtement fit place aux soucis
Suis-je l’alchimiste qui réalise sa légende personnelle
Me disais-je pacifié

Le fleuve se transforma en océan
Avec cette femme toujours assise près de lui
Son corps nu se posa sur le mien
Une marée foudroyante arrosa nos corps enlacés
Les terribles vagues étaient de douces caresses
Les écumes gagnèrent leurs chaudes crevasses
Les soubresauts erratiques de l’humanité
Les angoisses de mes contemporains
Le vide existentiel de tant d’autres
Suis-je le Candide qui retrouve sa Cunégonde
Me disais-je surexcité

L’océan se transforma en jardin d’Éden
Avec cette femme qui m’aide à cultiver mon jardin
Seul importe ma perle précieuse, ma nouvelle Ève
Je mangerai toutes les pommes qu’elle m’offrira
Me disais-je agapêtisé

jeudi, juin 15, 2006

L'écoute de l'autre

La fleur : Pivoine Gay Paree

Tout le monde parle, mais personne n’écoute vraiment l’autre. Ce constat, on le fait tous les jours. Quand quelqu’un ose écouter, il juge et condamne ce qui amène l’autre à le haïr, car il sent un manque de respect envers sa personne.

Écouter l’autre ne veut pas dire se laisser impressionner ou magnétiser. C’est regarder ce qu’il y a d’intelligent dans ses propos. Ce n’est pas par hasard si l’autre est dans votre vie. En l’écoutant vraiment, vous recevrez une information très pertinente qui vous concerne même si l’autre ne s’en rend pas compte. En laissant de côté tout ce qui vient de l’âme i.e. tout ce qui est émotionnel, vous constaterez que l’esprit de l’autre se manifeste et a des informations qui vous concernent.

Cette prise de conscience que l’écoute de l’autre peut améliorer votre vie permettra de vivre des associations qui vont améliorer la définition et la qualité de votre personne. Cette aptitude à reconnaître l’intelligence des autres lorsqu’ils vous parlent va changer votre dynamique personnelle et établir des associations durables.

Il est évident que l’individu centrique possède une forte individualité, mais s’il est capable d’écouter l’autre, son individualité ne l’isolera pas nécessairement. Il a compris qu’en ce troisième millénaire l’action passe par l’alliance.

C’est cette absence d’écoute de l’autre qui est la cause de tous les conflits qui affligent encore malheureusement notre planète. C’est triste de constater que les races, les langues, les religions, les idéologies sont la source de tant de conflits encore en ce début de siècle.

Comment vont se résoudre ces conflits ? Il faudra bien un jour que le juif écoute le musulman, que le catholique écoute le protestant, que le Serbe écoute l’Albanais, que le Russe écoute le Tchéchène, que le riche écoute le pauvre, etc.

En ces temps-ci, le bogue à combattre est le manque d’écoute, car l’évolution de la personne passe par l’alliance et la reconnaissance de l’esprit de l’autre par l’action.

Culpabilité

La fleur : Iris conjuration

Culpabilité, quel poison rare
Qui tue à petites doses
Qui enchaîne le quotidien
Qui atrophie la conscience
Qui amnésie le positif de la vie

Tu t’infiltres dès le jeune âge
Tu t’intensifies à coups de morale
Tu te densifies avec des pseudo-valeurs
Tu sécurises par l’approbation généralisée

Seul un saut en hauteur peut t’extirper
Ce saut est synonyme de prise de conscience
Conscience qui démasque ton imposture
Conscience qui foudroie ton monde virtuel
Conscience qui montre au grand jour tes mises en scène
Conscience clé de salut de l’individuation
Conscience qui brise les barreaux de ta prison
Conscience qui fait de toi un être libre

mercredi, juin 14, 2006

Sept mots bafoués

La fleur : Pivoine Scarlet O'Hara

Quand je regarde ce monde
Ce ne sont pas sept mots
Qui me viennent à l'esprit
Quand je regarde ce monde
Ce sont sept maux
Qui font mal à mon esprit

Qui a parlé de paix?
Où est cette sainte paix tant recherchée?
Dans la super consommation?
Dans la mort d'un autre humain?

Qui a parlé de liberté?
Où se cache cette liberté?
Dans les cartes à puces?
Dans les rapports d'impôts?

Qui a parlé d'égalité?
Où se vit cette égalité?
Dans la couleur de la peau?
Dans le salaire d'une femme?

Qui a parlé de fraternité?
Où se rencontre cette fraternité?
Dans le salon ovale de la Maison Blanche?
Dans les synagogues, les églises, les mosquées?

Qui a parlé de démocratie?
Où se pratique cette démocratie?
Dans les pots-de-vin des grosses Compagnies?
Dans les discours démagogiques et les fausses promesses?

Qui a parlé de justice?
Où se terre cette justice?
Dans les salaires des avocats?
Dans les bidonvilles des grandes villes?

Qui a prononcé le mot humain?
Où est ce terrien appelé humain?
Est-ce celui qui tue?
Est-ce celui qui exploite un autre humain?
Est-ce celui qui ignore d'où il vient?
Est-ce celui qui pense qu'il pense?
Est-ce celui qui sait où il va?

Est-ce celui qui sait
Que ces mots bafoués
Que ces maux sont une mise en scène
Que sa vie est une série d'expériences
Qu'un jour tout deviendra clair
Clair comme du cristal
Claire comme l'eau d'une source
Il saura d'où vient la source.