lundi, novembre 20, 2006

Le Père Noël attendri par un couple amoureux

Par Jacques Rancourt
12e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties

12e rappel : Toute ressemblance avec le vrai Père Noël est le fruit de votre imagination. Je prends une pause et je vais visiter un nouveau couple en amour.
Cela me détournera des guerres, des famines, de la pollution, de la commercialisation à outrance de la fête de Noël.
Le Père Noël attendri par un couple amoureux de Montréal

Je suis le Père Noël
Je suis aussi capable de luxure
Je cours à Kirkland dans la rue Monsadel
J’y vois un couple qui vient à peine d’aménager

Je sais qu’hier ils vivaient éloignés l’un de l’autre
Je sais qu’ils rêvaient de passer des nuits ensemble
Je constate que ce rêve est devenu réalité
Je constate que désormais ils seront ensemble alités

J’assiste du haut de mon traîneau à leurs retrouvailles
Je remarque que les émotions vont jusqu’aux entrailles
Je vois dans leurs yeux que sommeille une canaille
J’admire ces enlacements qui la tient en tenaille

Je constate que l’amour existe toujours
Je suis certain qu’il s’intensifiera au fil des jours
Je sais qu’elle adore ce nouveau Rancourt
Je sais qu’il fera d’elle une Sainte-Cyr tout court

Je souhaite aux tourtereaux des nuits chaudes
Je veux qu’ils attisent la flamme en cours
J’espère qu’aucun dégel ne leur jouera des tours
J’anticipe des décennies d’émotions fortes

Je me suis évadé dans leur chaumière
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je suis pour un amour sans fissures

dimanche, novembre 19, 2006

Le Père Noël flirte avec Ségolène Royal

Par Jacques Rancourt
11e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties


11e rappel : Toute ressemblance avec le vrai Père Noël est le fruit de votre imagination. Comme le Père Noël n'est pas un bloc de glace, il dévoile ses sentiments et son admiration envers Ségolène Royal. Espérons que la Fée des Glaces n'est pas trop jalouse... Une Présidente française en 2007, cela fait rêver le Père Noël. Allons, Françaises et Français, comblez le Père Noël. Ce serait un formidable cadeau à lui faire.

Le Père Noël flirte avec Ségolène Royal

Je suis le Père Noël
Je suis une fioriture qui veut devenir une garniture
Je regarde Ségolène et mon cœur bat
Je pars tout de go pour le Poitou-Charentes

Je rêve de cette fille d’un colonel d’artillerie
J’envie son compagnon François Hollande
Je sais qu’elle adore le chabichou
Je sais que les habitants des Deux-Sèvres l’adorent

Je vois en elle une protectrice de l’environnement
Je sais qu’elle ferait pâlir notre Rona Ambrose
Je sais qu’elle a fait voter une loi contre le bruit
Je sais qu’elle s’attache aux problèmes liés à l’eau

J’explore son passage comme ministre déléguée à l’enseignement
Je la vois préoccupée par l’enfance en difficultés
Je la vois instaurer des itinéraires de découvertes
Je la vois contrer le bizutage et le racket et la violence

Je la vois réformer l’autorité parentale
Je la vois réformer l’accouchement sous X
Je la vois créer le collectif enfance et média
Je la vois créer le label tourisme et handicap

Je suis heureux que Ségolène soit candidate
Je veux qu’elle remporte les Présidentielles 2007
Je veux que les Communistes et les Verts la soutiennent
Je veux la France entière derrière elle

Je flirte avec Ségolène
Je ne sais pas pourquoi je fais cela
Je suis le Père Noël
Je suis un être de luxure

samedi, novembre 18, 2006

Petit guide des volcans d'Amérique (1re partie)

Je présente en trois blogues le poème de Rosalie Lessard "Petit guide des volcans d'Amérique". Ce poème lui a valu en 2006 le Prix littéraire de Radio-Canada, volet poésie. Aujourd'hui, je publie la 1re partie de son poème. Lire ci-dessous les deux autres parties. Rosalie sera présente au Salon du livre de Montréal. Voir l'encadré ci-haut.

elisa capitale

« Ensuite jaillirent des pierres et des roches en partie intactes, que le souffle avait expulsé avant leur combustion, en partie rongées et ayant acquis la légèreté de la ponce. En dernier lieu, jaillit le sommet de la montagne brûlée. Ensuite sa hauteur s’accrut et ce roc grandit jusqu’à devenir aussi étendu qu’une île. » Sénèque

« Qu’est-ce que ce monde où les objets ont plus d’espoir que chacun de nous ? »
Wajdi Mouawad


ici vendent l’eau de pluie
arbres et reins
tout doit partir

elisa capitale en marche soif sept ans
jamais n’interroge les nuages
pour ne pas appâter la pluie
avec la pluie la facture tout doit partir

les ondes colportent des ombres
le nord hante la radio elisa capitale
la voix porte rivières et lacs
chaque mot se dépose dans un sursaut d’abandon
les syllabes rondelettes chantent sans hâte

à l’école on apprend au petit frère
le nom des eaux
ainsi au loin la mer morte comme ici

où dormir où boire où manger où s’infecter
elisa rapièce les estomacs
tant mal que bien
rapièce le courage en loques
rapièce les loques rapièce les siens

elisa possède un arbre et un grand-père
qui regarde les rares feuilles soupirer
d’une berceuse maudit le champ asséché
la terre à rides
chique crache râle
l’effarante espérance
une respiration de plus

on parle de déplacer
un glacier millénaire
tout doit partir
ici trouent la montagne
convoitent or et fer
et le désert sa présence régnante oblitère le regard
quelle eau viendra irriguer le raisin la prunelle
le glacier déménagé
qui boira quoi boire à qui

le père travaille à l’usine
ici moulent arrosoirs et verres vases de plastique
le nord réclame
quelle beauté

elisa capitale ténue fait taire le plus plaintif des frères
fait fête au soleil
les jours de grisaille
lorsqu’elle s’ennuie
dans la cuisine raconte au chien
errant l’histoire d’un marin
errant qui cherche son île
perdue

son amie imaginaire porte des boucles d’oreille
avec des pierres qu’on dit solitaires
elle s’appelle tout autrement
Sharon ou Émilie
sa chambre est rose jaune mauve
pleine de caches couleurs
et de portes ouvertes sur les grandes surfaces
chaque fois qu’elle le désire
elle feuillette sa vie sept ans dix tomes
d’album photos
quelqu’un a pensé à elle
qui peut retracer
l’oublié

à l’école on apprend au petit frère
d’elisa les vers étrangers
ainsi au loin les enfants demandent de la poudre et des balles comme ici
fine fine poudre précieuse

la radio elisa capitale raconte des femmes
traversée
défie la nuit défie la frontière
un voyage de fortune
de l’usine aux baraques
plus aucune nouvelle
que le corps aux abords du désert
oasis fauché
tout doit partir
elisa n’écoute pas elle vit

achetez et obtenez
un génie d’une bouteille saura-t-il apparaître
à temps quel temps celui des meilleurs prix
n’attendez pas nous avons tout
vous ne payez absolument rien
un génie ou une fée
fée des rêves tombés placés sous l’oreiller
saurons-nous apparaître à temps
quel temps celui des prix d’ami

le soir de passage l’oncle dévore la jupe
d’elisa le regard inocule cendres et magma
n’attendez pas
personne ne parle
la blinder de silence
trop peur de réveiller
achetez et obtenez
ça qui hésite encore
ça qui l’évite encore
de justesse histoire d’ogre vous ne paierez absolument rien
elisa ne voit pas elle vit
tout doit partir

où nourrir ses tumeurs
où prendre peur où s’infecter où pourrir
le soir le grand-père regarde elisa et murmure sans douceur
ta mère morte en couches accouche dans le désert où donc est l’hôpital parti
avec la pluie la facture ont dit
compagnies qui font le tour du monde comme on saute au trapèze
sans filet et c’est tout tout fini ici carburent au défi

ici vendent carrés de sable où enfouir corps
poussière de terre qu’à peine concèdent
amortir le ressac du mari des enfants indignés
défier
tout doit partir délavé
sans qu’on l’ait remarquée usine désaffectée au cœur de la ville elisa capitale

les jours de marché elisa retient son souffle
espère toujours cette économie peut-être vaudra un petit morceau de viande
au moins un fruit qu’est-ce que c’est qu’un fruit contre un souffle
les jours de grand vent elle respire bien mieux
très profondément tout aspirer l’air d’une vie de poumon en une seconde
gonflés les yeux lévitent montgolfières
elisa vole
plus de viande ou de fruit
les jours de grand vent

la nuit sent bon au grand lit quatre enfants
les cheveux du petit frère chatouillent le nez
elisa pouffe se tortille repose rit
rien n’arrive
quelle beauté

ici ils tiennent bon minables érodés sans mère sans maison sans parade
forcenés

vendredi, novembre 17, 2006

Petit guide des volcans d'Amérique (2e partie)

Je présente en trois blogues le poème de Rosalie Lessard "Petit guide des volcans d'Amérique". Ce poème lui a valu en 2006 le Prix littéraire de Radio-Canada, volet poésie. Aujourd'hui, je publie la 2e partie de son poème. Rosalie sera présente au Salon du livre de Montréal. Voir l'encadré ci-haut.

-30 degrés celcius, -20 kilogrammes

« La roche devient vapeur, la montagne devient nuée, elle mange le soleil et le nuage de pierre porte la nouvelle qu’ici la terre se mord et qu’elle se rature. »


helen habite au phare
gardienne de nuit
en veilleuse ou cuillère dompteuse de cauchemars elle allume
les cercles de lumière
qui tournoient enflammés
sur les gardes de la nuit
vois les fauves s’y jettent
helen habite le phare les trois quarts
du lit de sa fille un jour sur deux
en boule tassée sur elle-même elle dort
helen habite le tiers de son corps
deux dixièmes de son souffle
les interstices les pores

où loger
cœur captif

elle tait
à feu et à sang le monde m’arrime
le spéculum ricane
et si ma vie n’était qu’un kalachnikov
qu’en faire
feu de brousse sur linoléum

elle tait
dessine-moi un fœtus je me jetterai
avec lui
et l’eau du bain

le corps rejette le repas comme les enfants
ce qui le nourrit
l’évide

le mercure à la baisse
helen frissonne
le monde manque à la douceur

et pourtant vois les arbres qu’on protège de l’hiver
cordes et jute
engrais insecticides semis et serres l’été
les pierres qu’on dépose comme des fleurs
l’asphalte qu’on lave comme une herbe

on vaccine on toxine
elle taît
je suis allergique au cosmos
défaite du corps

pour travailler chaque matin la panoplie le cœur pharmacologique et le pas déchaîné
à voir à faire rugir sans plus tarder à toute allure à perdre pied si vite
intimider la berline qui s’ennuie sur l’asphalte soignée
sans oublier la recrue sans enfant qui salive rien qu’à voir helen déployer la cuirasse du jour dernier

lave vend enfourne file tout droit tout doux lange mange récure accueille amère amène à bout
le phare sabre l’ombre
mais quelle nuit
reluit
en lui

helen a trois enfants
sans relâche six yeux
voix et visages sur l’échelle de Richter
seule ou trop accompagnée la main relâchée

elle en parle comme d’une variété d’éponge particulièrement absorbante si on sert ça contre soi un peu trop fort d’un peu trop près ça libère toutes sortes de bactéries de virus de morts microscopiques qui pénètrent à tout coup votre système ces bêtes sont contagieuses lisez la notice avant de les approcher il faut préalablement passer d’aiguille en aiguille recevoir les vaccins réglementaires et même alors il faut se laver les mains avec un savon antibactérien avant et après tout contact direct

les enfants grignotent sa chair
trop de soleils pour une seule planète
elle fond à fendre le cœur
le gel dure
-30 degrés Celcius -20 kilogrammes

marionnette
son corps tire les ficelles
rend les armes
à quatre pattes helen voyage
œsophage estomac gorge carnage
rend tout
au ventre un zeppelin sur le point d’éclater
l’amour comme un gaz inflammable
pression étau

c’est précieux ça m’asservit
et je ne me risque plus en haute mer pour échapper au désordre
dégoulinant des sentiments bavent les larmes au coin des yeux
mais plus la haute mer
mieux vaut la rive et son souffle de feu

psychiatres spécialistes font une battue
à la recherche du corps
la prescription indélébile au devant de la peau
mais quelle main se posera
au revers du front

c’est une mère anorexique
malgré elle
port d’attaque
je suis un réflexe
elle tait
le monde manque à la douceur

pourtant
vois les crayons de couleur qu’on aiguise étiquette un par un
les livres et cahiers plastifiés
le nom cousu le nom gravé des enfants
pour l’école le petit corps imperméabilisé
sanglé identifié

helen déclenche des guerres
dégorgée voudrait déloger
comment avorter
chair de ma chair restée en plans
le mari prend la mesure à distance
froide fêlure sauve qui peut
mais qui peut
les trois enfants s’ils suivent
dans le marais
en chantier

le mari en veilleuse
s’absorbe
dans tout ce qui n’est pas helen
où sortir
et bondit où partir
pas bien du tout assis
sur ce cœur

helen habite les journaux personne ne l’y connaît ça ne fait rien
helen habite l’autoroute l’ascenseur la télé panneaux publicitaires superhypermarchés
voies de contournements
d’enfant
loin des voix loin du cœur où loger
le vent

atarax ativan prozac attends
prends dors pandore reprends-toi

vois l’abri d’auto protège de la neige
le système d’alarme garde des voleurs
quel habitacle préserve des enfants

quel incubateur pour helen
quel cratère
quelle tranchée
à la chair de sa chair

où loger cœur cramé
quel manteau de cendres
ce matin voile la lumière des grands phares

jeudi, novembre 16, 2006

Petit guide des volcans d'Amérique (3e partie)

Je présente en trois blogues le poème de Rosalie Lessard "Petit guide des volcans d'Amérique". Ce poème lui a valu en 2006 le Prix littéraire de Radio-Canada, volet poésie. Aujourd'hui, je publie la 3e partie de son poème. Rosalie sera présente au Salon du livre de Montréal. Voir l'encadré ci-haut.


le ciel se soucie peu de ceux qu’il couve

« Après une éruption, le soleil pourpre disparaît à l’horizon dans la poussière moirée tout d’abord violette, puis jaune et enfin orange; le ciel rougeoie encore longtemps après que le soleil s’est couché. »

« Les cratères eux aussi attendent nids vidés. »


quand partir comment partir

la maison le rang le village
désert
on a soigneusement disposé
en ville les vivants les vieillards
à la traîne

le ciel se soucie peu de ceux qu’il couve

lucienne parle un à un
tombés du fantôme au dernier voisin
personne n’est venu qui reste-t-il

lucienne dans sa dernière dépendance
chambre parmi les chambres
camp ici on empaille la mémoire

derrière elle les objets qui rappellent le passé
elle a dû se défaire
sa vie d’avant
la vaisselle les berceuses au dépotoir les brèches qui pourrait bien
en vouloir
quel musée de l’intime

la maison respire même vide
même sans elle la grange le râle des bêtes
en rêve elle fait du pain
à l’étage les enfants naissent les briques brûlent les pieds
le ruisseau glousse
le goût du dénuement tient la bride
du temps

usés à la corde
comme les habits
de frère en frère passés
les vieux gestes reviennent
en rêve lucienne met la table
sert et décharge douze regards en bataille

on a coupé court
défriché les cercles de feu
on regarde la fumée
se dissiper
on frissonne seul enflammé

quand je cesse de m’appartenir
œil os rêves font sans moi

perd l’ouïe perd la vue perd l’envie
mais la parole dure
et grince
s’ils retirent village du dictionnaire
quel mot trouvera-t-on pour se souvenir de moi

j’ai vécu trop vite et je ne meurs plus
sur le bas-côté fallait-il accorder
le temps qu’il faut au cœur
pour s’épuiser

l’espace mort avant elle
qui donc voudrait survivre
au paysage
quelle drôle d’idée

par la fenêtre
les clôtures se déglinguent à la lisière et l’amour même disparu
le fantôme se lève tôt
redresser le cadre et nourrir les bêtes
domestiquer le champ gelé
le fantôme porte tous les âges dépareillés
une cigarette veste bottes et casquette contre les grands froids
lucienne le trouve beau ses caresses se font plus pressantes depuis qu’il est mort

chaque soir lucienne confronte le fantôme
qui s’époumone à disparaître
elle lui parle des enfants
tous élevés pourrais-je maintenant m’affaisser
me déprendre
quand partir comment partir

elle raconte les voyages de ses fils
de ses filles les vacances le parcours des petits-enfants
de la ville à la grand ville tant d’autoroutes elle tremble
reprise repasse les itinéraires
colibri
en un éclair tant de terre parcourue
et dire qu’elle n’a quitté le rang
qu’une fois pour le village sa chambre d’hiver

lucienne tricote chausser le pas
de ceux qui à peine debout
courent s’effondrer
sur le bas-côté

je lisais soixante ans oublieuse de cancer du fantôme l’évasion véranda et la chienne a fugué
je n’ai rien entendu le poids lourd les roues le klaxon
mais le cri
je lisais trente ans nous avions donné quelques sous à céline cinq cents pour cinq ans quelques sous qu’elle s’achète donc des friandises au dépanneur en face au coin tout près nous la guettions du coin de l’œil je lisais au moment de traverser en face au coin tout près c’est au retour le carrefour le poids lourd en boisson
je lisais pas eu le temps mais le cri et céline a roulé
passé repassé le poids lourd d’un éclat de cervelle
sur la route trente ans
et la chienne a roulé
en boule soixante ans
sur le bas-côté
je lisais
pourquoi ai-je vécu à côté de la grand route
la seule beauté mon enfant sur le bas-côté

tout gagner tout perdre dans un sursaut
je ne me suis pas ménagée
comme le reste
compté comptabilisé pour que rien ne manque
à la boucle du mois
pour ceux qui résistent

quand partir comment partir

sa vie déborde
lucienne découpe l’excédent de souvenirs
plus de place pour rien au monde
que l’enfant perdue
il y a si longtemps
la maison le rang le village
désert
où partir du côté ivre des chambres de jeunesse quelle caravane de poids lourds
elle raconte le voyage de ses fils le parcours
où partir

Le Père Noël au pays de la lecture

Par Jacques Rancourt
10e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties


10e rappel : Toute ressemblance avec le vrai Père Noël est le fruit de votre imagination. S'ouvre à Montréal le salon du livre. Quelle belle occasion de faire oeuvre utile et parler de lecture pour faire oublier que je suis une ordure au service du dieu argent. Comme vous le constatez, j'essaie de me refaire une certaine virginité, mais c'est du travail...

Le Père Noël au pays de la lecture

Je suis le Père Noël
Je suis une ordure qui veut développer la culture
Je vous amène au merveilleux pays de la lecture
Je veux vous éloigner de mon royaume de bébelles

Je sais que la lecture est un problème de société
Je vois peu d’adultes lire pour le plaisir
J’aimerais les voir arriver au travail avec un livre
Je déplore que la lecture ne soit pas privilégiée

Je sais que la lecture est un problème pédagogique
Je sais qu’enseigner à lire a une valeur inestimable
Je sais que c’est un privilège, une responsabilité, une mission
Je rêve du jour où on fera lire beaucoup et souvent

Je sais que la lecture est un problème individuel
Je veux que l’on fasse rêver les jeunes par la lecture
Je veux que l’on fasse rire les jeunes par la lecture
Je veux que l’on fasse découvrir le monde par la lecture

Je veux qu’on leur fasse découvrir des univers infinis
Je veux qu’on arrête de faire lire par devoir
Je veux qu’on leur fasse découvrir des millions d’expériences
Je veux qu’on les fasse participer à une sorte d’éternité

Je me suis égaré en route au pays de la lecture
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
Je veux vous donner en cadeau le goût de la lecture

mercredi, novembre 15, 2006

Le Père Noël au Darfour

Par Jacques Rancourt
9e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
Sommaire des autres péripéties

9e rappel : Toute vraisemblance avec le vrai Père Noël est le fruit de votre imagination. Hier, j'étais à Nairobi au Kenya pour conscientiser les imbéciles qui polluent notre planète. Aujourd'hui, je vais dans un autre pays d'Afrique où les humains s'entretuent du mieux qu'ils peuvent. Allons observer l'oubliée tragédie du Darfour au Soudan où l'ONU révèle une fois de plus son impuissance.

Le Père Noël au Darfour

Je suis le Père Noël
Je suis une ordure
Je cours observer le Darfour
Je suis dans cette région meurtrie du Soudan

Je ne sais pas où se situe le conflit
Je ne sais pas si c’est un génocide
Je suis un Père Noël inculte
Je ne connais que la mystification

Je ne sais pas si c’est un nettoyage ethnique
Je ne connais pas ces milices Janjawid
Je marche parmi ces millions d’exilés par elles
J’ai vraiment l’air fou dans mon accoutrement

Je ne sais pas pourquoi elles violent impunément
Je ne sais pas pourquoi elles tuent impunément
Je ne sais pas pourquoi elles kidnappent impunément
Je suis un ignare des questions internationales

Je ne suis pas un cavalier noir armé d’un kalachnikov
Je ne suis pas un pauvre qui se bat contre les pauvres
Je suis le riche qui appauvrit les pauvres
Je suis le mercenaire du capitalisme

Je n’ai rien su de la famine de 1985
J’ai fermé les yeux comme l’Onu
Je ne suis pas armé par le gouvernement de Khartoum
Je promène ma poche de cadeaux tout simplement

Je constate la désertification au Nord du Darfour
Je comprends les nomades à chercher des terres au Sud
Je vois des villages attaqués la nuit
Je suis le pire des impuissants

Je foule le sol où se déroule une guerre coloniale
Je vois que cette guerre est menée par Khartoum
J’assiste à une guerre d’exploitation économique
Je suis mal placé pour faire la morale

Je serai courtisé par les grandes compagnies agro-industrielles du Golfe
Je vois un gouvernement qui ne cherche à développer rien
Je constate l’insuffisance et l’hypocrisie de la communauté internationale
Je suis tellement embêté par ce conflit et je me sens tellement con

Je suis au Darfour
Je ne sais pas ce que je fais là
Je suis le Père Noël
J’observe cette immense bavure