vendredi, janvier 05, 2007

Le Père Noël rassure ses filles sur leurs apparences physiques

Par Jacques Rancourt
47e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
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Je suis le Père Noël heureux de voir grandir mes trois jolies filles
Je les vois souvent se regarder dans le miroir soucieuses
Je me demande si elles ne subissent pas le poids de l’apparence physique
Je ne veux pas que le souci de l’image les laisse dans l’immaturité

Je ne veux pas qu’elles soient prisonnières du culte du corps
Je ne veux pas qu’elles soient en proie avec ces angoisses superficielles
Je ne veux pas qu’elles sombrent dans cette véritable obsession
Je ne veux pas qu’elles adoptent ces standards plastiques de beauté

Je veux contrer cette poursuite inlassable d’un corps parfait
Je veux les faire réfléchir sur la place de la contemplation devant le miroir
Je leur montre qu’elles sont victimes des grandes puissances
Je leur montre que ces puissances normalisent et fascinent l’individu

Je leur montre que l’idolâtrie du physique est issue du néolibéralisme
Je leur parle de l’irréalisme des impératifs hypothétiques épidermiques
Je veux les affranchir à tout prix de cette séquestration psychique
Je ne veux pas qu’elles s’assujettissent à ces valeurs factices

Je leur montre que la recherche de beauté provient de l’insécurité
Je leur montre que cette recherche en fait des esclaves du jugement d’autrui
Je leur demande de ne pas s’abandonner aux perceptions des autres
Je leur demande de garder leur discernement personnel et leur liberté d’esprit

Je leur demande de déjouer l’industrie de la beauté et de l’image
Je leur demande d’ignorer les abondantes publicités corrosives
Je leur demande de ne pas se laisser manipuler par la mode
Je leur demande d’avoir un regard critique sans craindre la marginalité
Je leur demande de cultiver l’art d’être heureuses avec leurs personnes

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Bravo!
Savoir désaliéner le culte du corps, désacraliser la mystique de la beauté et couper dans le gras ce maudit monde des apparences!
Est-ce si difficile de vivre purement, sainement et naturellement sans tous les diktats des faiseux d'images?
Mettre la hache, les couteaux, le sécateur dans ce monde des artifices et cette culture du faux, voilà une belle leçon pour tes 3 charmantes filles!

Anonyme a dit...

L'an dernier, le sujet du concours Philosopher (concours qui s'adresse à tous les étudiants et étudiantes au niveau collégial du Québec) portait sur le culte du corps, de la beauté et de la jeunesse. C'était l'un des nombreux évaluateurs de cette édition et j'ai eu la chance de lire de magnifiques dissertations sur la délicate question à débattre : "Culte du corps et de la jeunesse : la beauté est-elle devenue notre nouvel impératif catégorique?"
J'annexe le lien où vous pourrez lire la copie gagnante de ce concours. Il s'agit du texte de David Boyer, paru dans "Le Devoir", 16-17 décembre 2006 :
http://www.ledevoir.com/2006/12/16/125118.html

Anonyme a dit...

Petite erreur...
Il faut lire à la 2e ligne du 2e commentaire :
"J'étais l'un des nombreux évaluateurs ..."
et non :
"C'était l'un des nombreux évaluateurs ..."
Mil excuses!