mardi, janvier 08, 2008

Le rocher de Sisyphe

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Tu es Sisyphe, le fils d’Éole et de Méropée
Tu roules pour l’éternité un rocher en haut d’une montagne
Tu vois ton rocher retomber aussitôt sur l’autre versant
Tu dois alors le ramener à nouveau au sommet sans repos

Suis-je si différent de toi, mon cher Sisyphe
Quand je regarde ma vie et celle de mes contemporains
Que vois-je, qu’entends-je, qu’est-ce que j’observe
La plupart du temps mon rocher c’est la routine

Je dors, je me lève, je me lave, je mange, je copule
Je travaille, je me repose, je lis, je regarde la télévision
Je visite, je salue, je soigne ma chatte, j’éternue
Je somnole, je danse, je pense, je parle, je me tais

Nous avons tous un rocher à ramener au sommet
Un jour ce rocher deviendra une pierre tombale
Ah ces Grecs et leurs légendes si proches de la réalité

Une chance qu’il me reste l’imaginaire, cher Sisyphe

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Quel beau poème!
Oui, et comme tu as raison : nous sommes tous des SISYPHE!
Tu me ramènes 40 ans en arrière où j'avais lu pour la première fois l'essai lumineux d'Albert Camus "Le mythe de Sisyphe", qui, malgré tout, ne voyait pas cette routine et ces travaux répétitifs inutiles. Camus terminait même son essai sur une note d'espoir :
"La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d'homme. IL FAUT IMAGINER SISYPHE HEUREUX."
Ton poème aussi se clôt sur une note heureuse : l'ouverture sur l'imaginaire!

Anonyme a dit...

Cher blogueur, je ne peux analyser ce poème sur le plan littéraire, mais je touve le parallèle entre le rocher et la plupart de nos gestes quotidiens tout à fait juste.

Pour certains, le rocher est considéré comme une ou des balises, pour d'autres il est plutôt un entrave à sa liberté de réaliser ses rêves.

A défaut de les réaliser, Sisyphe donne l'impression d'avancer tout de même en roulant ce rocher, si je reste dans mes terres...est-il permis de voyager autrement? N'est-ce pas là l'essentiel du message?