mercredi, octobre 18, 2006

Ne me sculptez pas




Ne me sculptez pas

Ne me lisez pas
Ne me passez pas au rayon X
Comprenez-moi bien quand je dis cela
C'est que je ne veux pas être un livre ouvert
Je n'aime pas que vous lisiez ces vers
Je suis de glace comme l'hiver

Je suis concrète trop souvent
Je suis poète à mes instants
Je virevolte comme le vent

Je ne veux pas être un livre ouvert
Je n'aime pas que vous lisiez ces vers
Je suis de glace comme l'hiver

Si je vous laisse parfois un goût amer
faisant des vagues comme la mer
Sachez chers gens et surtout gens chers
Que malgré tous les tourments que je vous ai fait subir
Et malgré tout ce que j'ai pu vous dire
Que sous mon air de militaire
Se cache un être à part entière
Coule un amour comme la rivière

J'aime l'humain sans condition
J'aime la terre avec passion
J'offre ma tendresse au compte-goutte
Mais ces gouttes sont gigantesques
Je vois la grandeur des petites choses
Cela a ses inconvénients
Je fais tout un plat pour pas grand chose

Je ne veux pas être un livre ouvert
Je n'aime pas que vous lisiez ces vers
Je suis de glace comme l'hiver

Je suis parfois un peu rebelle
J'ai l'esprit de contradiction
Je n'aime pas être sous tutelle
Le premier mot que j'ai dit c'est non
Je ne veux pas qu'on m'arrache les ailes
Je n'aime pas être en prison

J'ai mes principes, j'ai mes idées
Je suis de nature réaliste
Je suis une éternelle idéaliste
Je suis un être de contradiction
Je suis un être paradoxal
Je peux vous aimer, vous faire mal

Même si dans ce monde tout ne tourne pas rond
Même si dans ce monde rien ne va plus
J'aime l'humain sans condition
J'aime la terre avec passion
Je veux connaître votre prénom
Je souhaite entendre votre chanson



mardi, octobre 17, 2006

Trop tôt devenue femme


Cette photo a été prise à Montréal dans le Vieux Port où il y avait une exposition florale.

Je publie aujourd'hui le poème d'Anne-Marie, une étudiante qui exprime dans ses mots le vécu de plusieurs de ses collègues. À l'aube de leurs 17 ans, elles ont vécu déjà trop d'expriences, pas toutes heureuses. Je comprends la tristesse de ces jeunes qui ont basculé trop vite dans le monde adulte. La pression sociétale est tellement forte, hélàs!


Trop tôt devenue femme

Jeune fille
Trop tôt devenue femme
Tu vacilles
Telle une fleur qui se fane.

Tu as perdu ta jeunesse
Pour obtenir quelques caresses
Trop tôt tu t'es donnée
À celui qui disait t'aimer.

Tu te sens sale
Attisé par le désir
Il t'a fait mal
Il a eu son plaisir.

Aujourd'hui il est parti
Briser une autre vie
Toi, tu es seule dans la rue
Qu'es-tu devenue ?

Depuis tu fumes
Pour effacer l'amertume
Des souvenirs qui te hantent
Et de ces plaisirs qui te tentent.

Au bord de la démence
À l'aube de ton existence
Tu ne vis, ma jolie
Qu'en attendant la nuit.

Plus rien à découvrir
Lassée de tant souffrir
Tu lances ton dernier éclat de rire
Au moment de partir.

Dommage !

lundi, octobre 16, 2006

Sous observation

Photo : Lac Louise en Alberta, Canada

Il me surveillait depuis longtemps
Je le savais
Je traversai mon enfance sans me soucier de lui
Je ne savais pas qu’il existait
J’affrontai l’adolescence avec bien des soucis
Je me doutais qu’il existait

Je fonçai dans la vie adulte tout en m’étourdissant
Je le savais
J’arrivai à un certain âge sans pouvoir esquiver la confrontation
Je savais qu’il fallait attaquer
Cet autre qui me pourchassait
Sans se soucier des affronts qui m’attendaient


Il reprochait à mon je
de vivre des illusions
de vivre avec des béquilles
d’avoir peur du vide
de vivre en victime
de ne pas me protéger
de manquer d’écoute
de ne pas me croire intelligent
de manquer d’ordre
d’éviter le saut en hauteur
de vivre au premier degré
de croire aux mystères
d’accepter la mort

Je ne l’écoutais pas
Cet autre me harcelait
Il savait qu’un jour je comprendrais
Que cet autre est Je
Que je suis cet Autre



vendredi, octobre 13, 2006

Ainsi hoquetait mon épinette agonisante

Photo prise par moi-même, ce matin, le 13 octobre 2006, de mon épinette coupée.
Il y a 24 ans, mon fils Philippe revenait de l'école avec une jeune pousse que nous avions plantée dans un champ non cultivé qui fait désormais l'objet d'un développement urbain sauvage. Cet événement m'a inspiré ce poème, cri du coeur pour sauver la planète.

Je dis à qui veut m’entendre
Mon dégoût des développeurs urbains
À l’aube, ce matin, je me suis fait couper
Un terrain de stationnement avait besoin de mon espace

Je dis à qui veut m’entendre
Que j’avais le droit de vivre
Que je purifiais l’air sans massacrer la couche d’ozone
Que les oiseaux et les écureuils m’appréciaient
Que je faisais l’orgueil de celui qui m’avait planté
Que je trônais l’hiver comme un roi

Que dira l’enseignante qui avait donné ma jeune pousse
À cet écolier joyeux et fier de son cadeau
Entendrez-vous ses sanglots tristes et longs
Dénoncerez-vous ce bitume laid et polluant
Vomissez sur ce pseudo-progrès urbain
Criez, hurlez et comprenez ma détresse

Dans le paradis des épinettes mortes
Je maudirai sans fin l’auteur de ma coupe
Je regarderai la couche d’ozone se perforer davantage
Quand votre planète sera détruite
Ne venez pas pleurer dans mon paradis
Je ne demandais qu’à vivre
Est-ce trop demander à la bête humaine?

jeudi, octobre 12, 2006

Déserte et désertée


Photo : Église de Saint-Benjamin dans la Beauce québécoise

Fatigué de parcourir la planète
Assourdi par le bruit des bombes
Matraqué par les parasites de la société
Terrassé par la brute humaine
J’entrai dans une église

Déserte, elle était
Indifférente aux soubresauts de mon être
Éloignée de toutes mes préoccupations
Silencieuse aux tergiversions de mon époque
Je constatai le vide dans cette église

À la surface remontèrent les souvenirs
Une église pleine à craquer
Un curé prônant et trônant
Des fidèles courbés et repentants
Une église qui avait réponse à tout


Désertée et déserte
Rongée par un silence creux
Minée par l’impuissance
Un gouffre ecclésial sans fond
Je sentis la pesanteur des âmes esseulées


Je m’éloignai de cette église déserte
Je marchai dans des routes tortueuses
Je traversai les mers et les océans
Je visitai les planètes de ma galaxie
J’ai observé, j’ai noté, j’ai constaté

Ce que j’ai appris
Ce que j’ai vécu
Ce qui dépasse l’entendement
Ce qui te fait passer pour un fou
Tu ne le trouveras pas dans une église déserte



mercredi, octobre 11, 2006

Simplicité xyloglotte humoristique


Simplicité xyloglotte humoristique (Version en langue de bois)

Gymnovitiphyllosexophore, j’errai dans la campagne
J’appréciais mon morphométéorisme
Je croisai un kilopédiculteur
Nabuchodinosaure dans mon baladeur

Devant mon egobésité
Je devins un lacrymosaure
En buvant mon frigidolactum
Je me transformai en bonvinoderme

Pour étouffer mon aéronihilisme
Je devins chrysocardique
Un inthalassopotable cératophale
Cracha sur mon hellénépiphanisation

**************************************************

Simplicité xyloglotte humoristique
(Les mots en caratères gras indiquent la définition des mots.)


Nu, le sexe caché par une feuille de vigne, j’errai dans la campagne
J’appréciais mon quelqu’un qui pète la forme
Je croisai un éleveur de mille-pattes
Un très vieil opéra de Verdi
dans mon baladeur

Devant mon hypertrophie du moi
Je devins celui qui verse une larme de crocodile
En buvant mon lait caillé
Je me transformai en peau de vache

Pour étouffer ma tendance à avoir l’air de rien
Je devins celui qui a un cœur d’or
Un facile cocu
Cracha sur mon art d’aller se faire voir chez les Grecs

mardi, octobre 10, 2006

Retour à la maison

Photo : Santorini, île volcanique de Grèce



Retour à la maison

Je sais
Je suis prisonnier de l’espace et du temps
Je vis des expériences

Je travaille
Je procrée
Je me divertis
J’adore un ou des dieux


De tout cela, je suis fatigué
Je veux comprendre
Je veux déchirer les voiles de l’invisible
Je veux démasquer l’imposture


Et si la réalité était autre
Et si les expériences n’étaient que les soubresauts du libre-arbitre
Et si la procréation perpétuait le cycle réincarnationnel
Et si le travail n’était qu’une forme d’esclavage
Et si le divertissement n’était qu’un fuite
Et si l’adoration d’un ou des dieux n’était qu’une forme d’aveuglement

Je sais
Derrière les voiles de l’invisible
Une autre réalité émerge
Conscience
Liberté créatrice
Savoir

Le retour à la maison s’impose
La farce a assez duré.