lundi, avril 02, 2007

Poisson d’avril

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes


Poisson d’avril

Tu écoutes les politiciens
Tu crois en leurs promesses
Tu votes aveuglément pour eux
Tu es un poisson d’avril

Tu travailles pour une grosse compagnie
Tu penses qu’elle respecte la nature
Tu penses détenir une sécurité d’emploi
Tu es un poisson d’avril

Tu pries ton Dieu
Tu écoutes le ministre du Culte
Tu penses sauver ton âme
Tu es un poisson d’avril

Tu vas chez le médecin
Tu ingurgites des tas de pilules
Tu enrichis l’industrie pharmaceutique
Tu es un poisson d’avril

Tu prends des vitamines
Tu suis une nouvelle diète
Tu pèses ta nourriture
Tu es un poisson d’avril

Tu as cru à la société des loisirs
Tu as ramassé des Réer
Tu économises pour plus tard
Tu es un poisson d’avril

Tu souhaites la paix sur la terre
Tu veux des continents sans famine
Tu ne veux plus de catastrophes naturelles
Tu veux sauver la planète bleue
Tu veux un gouvernement universel
Tu veux une seule langue commune
Tu veux une fraternité universelle
Tu es un increvable poisson d’avril

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Photo au Lac Gorgotton prise par un ami de Jacques Rancourt. J'avais remporté le trophée du meilleur pêcheur et ce n'était pas un poisson d'avril.

dimanche, avril 01, 2007

Quelques touches de clavier

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes

Quelques touches de clavier

Dans le lointain passé, quelques coups de pierre
Hier à peine, quelques traces d’écriture
Aujourd’hui, quelques touches de clavier
Le poète laisse quelques traces de son imaginaire

Il livre ses états d’âme
Il partage ses souvenirs
Il expose son regard sur le monde
Il imagine le monde à sa manière

Il sait que la vie est fragile comme une petite rivière
Tout comme elle, les écueils le guettent
Les barrages, les détournements, les crues soudaines
Il voudrait tant qu’on se repose sur ses rives

Il se souvient du temps de ses eaux vives
Il adorait ses poissons sans mercure
Il admirait ses berges verdoyantes
Il se la coulait douce vers le fleuve

Il ne peut arrêter le flux de la vie
Il sait que la vie ne laisse qu’une petite trace
Hier, enfant, il imaginait son avenir
Aujourd’hui, adulte, il se souvient de son passé

Le poète n’a pas d’âge
Il est l’enfant
Il est l’adolescent
Il est le vieillard
Il est la fleur
Il est la colline
Il est le ciel étoilé

Comme la petite rivière cache dans ses courbes
De l’écume
Le poète crache sur ses touches de clavier
Du rêve
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Photo de la rivière Chaudière par Jacques Rancourt

vendredi, mars 30, 2007

Retour à la vie du trouvère amoureux

Par Jacques et Guy Rancourt
Mes autres poèmes


Retour à la vie du trouvère amoureux
Sa stomatite aphteuse a failli le tuer
Je le croyais décédé ce frère si joyeux
J'avais commencé à rédiger son éloge funéraire
J'ai plutôt salué son retour à la vie
Ainsi osais-je m'exprimer avec son aide

Il reste toujours gravé dans nos mémoires
Son rire rayonnant nous charme
Être sensible il est
Amant de la nature il l'est toujours

Partout sur la planète
On rit son retour à la vie
Cette gorge qui a tant flirté
Qui a tant butiné
Qui a tant bu
Aux toisons de ces dames
Cette gorge disais-je
Qui a tant fait frissonner
Les dessous chics de ces dames
Qui a tant fait roucouler
Le cœur sensible de ces demoiselles
Qui a tant secoué
Le bas du corps de ces donzelles
Cette gorge redisais-je
Affamée et friande de tant de fruits exotiques
Ô grands malheurs!
Ô grands supplices!
En perdit larynx et pharynx
Cordes vocales et voix
Le trouvère se retrouva aphone
Muet comme une carpe
Silencieux comme les cieux

Du désespoir naît toujours l’espoir
Si ses papilles et pupilles flanchent
Ses doigts prendront la relève
Pour caresser les beaux corps
De ces amoureuses proches et lointaines
Que ses poèmes chantent si bien

Bon retour à la vie grand baiseur
Barde muet
Ensorceleur de ces dames
Exprimeur de tendresse
Vibreur du beau, du vrai et du palpable

---------- Photo du trouvère par Lucille Veilleux -------------

jeudi, mars 29, 2007

L’arsource

Par Jacques Rancourt
Au pays des souvenirs
Mes autres poèmes

L’arsource

Cette mare d’eau ainsi prénommée
Cette arsource n’était qu’un petit trou d’eau
Cette source n’était pas une vraie source
C’était une flaque que la pluie remplissait
C’était là que les vaches allaient se désaltérer
C’était là que le paternel puisait son eau l’hiver
Son puits près de l’étable faisait faux bond l’hiver
L’arsource venait miraculeusement à son secours

Pour mes yeux d’enfants et son imaginaire
Cette arsource était un véritable lac
C’était le Léman, le Lac Majeur, le Lac Supérieur
C’est de là que provenaient d’étranges sons au printemps
On aurait dit une fanfare, un carillon de bruits disparates
On tendait l’oreille, on sentait comme un étrange appel
C’étaient les grenouilles qui sortaient de leur torpeur hivernale
C’étaient les grenouilles et les crapauds qui appelaient le printemps

Je passais des heures à écouter et à rêvasser
Je sentais monter en moi une sève printanière
Il faut dire que les érables donnaient leur belle eau
Il faut dire que les vaches donnaient de jeunes veaux
Il faut dire que ce réveil de la nature provoquait l’euphorie
De longs mois d’hiver à grelotter et à jeûner
De longs mois d’hiver à vivre dans l’hibernation
Ce chant des crapauds et des grenouilles
Quelle délivrance saisonnière
Quel appel à la liberté

Cette arsource, nostalgie d’une enfance insouciante
Cette arsource vivra toujours dans mes souvenirs adultes


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Photo prise dans le rang Sainte-Évelyne par Jacques Rancourt

Au pays des souvenirs

Par Jacques Rancourt

1. Évelyne

mercredi, mars 28, 2007

Commentaire luciférien

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes
Commentaire luciférien

Tu as questionné Dieu
Il a gardé un divin silence
J’ai entendu tes questions
Je ne garderai pas un diabolique silence

Lucifer veut dire faiseur de lumière
Faussement on m’a diabolisé
Je suis sensible au phénomène humain
J’écoute et je réponds

Dieu se défile toujours
Il vit loin de tes préoccupations
Il vit sa béatitude
Tu vis ta platitude

Tu dois te retrousser les manches
Ne compte plus sur sa divinité
Pour régler tes terrestres problèmes
Assume et agis au lieu de prier

Tu passes ta vie à questionner
Le temps est venu de te donner des réponses
Prends mon exemple
Je réponds à toutes les demandes

Mon enfer est plus « hot » que le ciel
C’est loin d’être un lieu triste
On s’amuse fermement
Ce n’est pas une béate platitude

Au lieu de pleurnicher sur les malheurs de ta planète
Amuse-toi, fais comme Jacques Rancourt
Crée des poèmes et oublie les sornettes
Le hasard n’existe pas, cher humain.

Ce soir-là, le poète dormit d’un profond sommeil
La douce voix luciférienne le calma totalement
Il se leva frais et dispos
Il regarda dehors, sourit et donna à boire à sa chatte

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Illustration : Worth 1000

mardi, mars 27, 2007

Incompréhension humano-divine

Par Jacques Rancourt
Mes autres poèmes
Incompréhension humano-divine

Toi, dieu, tu as voulu refaire le monde
Oui, oui, j’ai lu ton poème dans un blogue
Un monde parfait
Un parfait Éden
Que le bien
Que le beau
Que l’amour
Que la paix
L’Eldorado de Candide

Moi, humain, je refuse ta dictature eugénique
Oui, oui, je veux vivre dans un monde imparfait
Avec de la haine et de l’amour
Avec de la peur et de la confiance
Avec du rejet et de l’acceptation
Avec de la guerre et de la paix

Toi, Dieu, tu ne me comprends pas
Tu es trop loin de ma terrestre humanité
Tu es trop dans ta céleste divinité
Je suis imparfait
Je suis émotifJe suis rancunier
Je suis capable du pire

Ne m’enlève pas le défi
De me perfectionner
De neutraliser mes émotions
D’être généreux
D’être capable du mieux

Oui, oui, accepte ma condition humaine
Je la préfère à ta béate plénitude
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Illustration : Worth 1000